Soudan : le général Burhane annonce un nouveau Conseil de transition expurgé du bloc pro-civils

jeu, 11/11/2021 - 23:34

 

France24 - Le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur d'un putsch au Soudan fin octobre, a nommé, jeudi, un nouveau Conseil de souveraineté dont il conserve la présidence. Les représentants du bloc réclamant un transfert du pouvoir aux civils en sont, eux, exclus.

Bis repetita au Soudan. Après la chute, en 2019, du dictateur Omar el-Béchir, un Conseil de souveraineté, composé de civils et militaires, avait été mis en place pour chapeauter la transition vers la démocratie sous la présidence du général Abdel Fattah al-Burhane.

Le leader putschiste a annoncé, jeudi 11 novembre, un nouveau Conseil de souveraineté dont il garde la tête et dont ont été exclus les représentants du bloc réclamant un transfert du pouvoir aux civils.

Le 25 octobre, le général Burhane a dissous toutes les institutions, décrété l'État d'urgence et arrêté la plupart des dirigeants civils du pays.

Depuis des jours, les militaires annonçaient la formation "imminente" d'autorités pour mener le pays vers des élections libres, assurant seulement avoir dû écarter des dirigeants civils qui n'étaient pas d'accord avec eux sur le chemin à prendre vers la démocratie.

Le gouvernement, dont plusieurs ministres sont toujours détenus et le Premier ministre, Abdallah Hamdok, en résidence surveillée, n'a, lui, jusqu'ici pas été remplacé et ses membres continuent de se revendiquer comme les seules autorités "légitimes" du pays.

Le général Mohamed Hamdan Daglo, dit "Hemedti", à la tête des très puissantes Forces de soutien rapide, des paramilitaires accusés d'exactions dans la région du Darfour (ouest) ou lors de la répression de la révolte anti-Béchir, reste son numéro deux.

Quatorze membres au sein du Conseil de souveraineté

Le nouveau Conseil de souveraineté, comme l'ancien, compte 14 membres. Seuls 13 noms ont toutefois été annoncés par la présentatrice de Sudan TV. Le quatorzième membre doit représenter l'Est du pays, où des manifestants ont bloqué pendant un mois et demi le poumon commercial du Soudan, Port-Soudan, et ses docks.

Sur les 13 noms annoncés, seuls quatre sont nouveaux. En lieu et place des quatre représentants des Forces de la liberté et du changement (FLC), l'union des forces civiles née de la révolte anti-Béchir, dont certains ont été arrêtés le jour du coup d'État, quatre personnalités non-partisanes ont été choisies.

Parmi eux figure Abou al-Qassem Bortoum, un homme d'affaires qui avait plaidé la normalisation avec Israël -projet-phare des militaires au pouvoir depuis 2019 -, posée comme condition par Washington pour sortir le Soudan de sa liste noire des États soutenant le "terrorisme". Âgé de 55 ans, il a été député sous Omar el-Béchir et gère aujourd'hui des compagnies agricoles et de transport.

Autre nouveau membre du conseil : Salma al-Moubarak, issue d'une grande famille soufie du Soudan. Sans passé politique, elle est la deuxième femme du Conseil avec Raja Nicola, la représentante de la minorité chrétienne copte, qui conserve son poste.

Les neuf membres qui se maintiennent au Conseil de souveraineté sont des représentants de l'armée ou de groupes rebelles armés ayant signé, fin 2020, la paix avec Khartoum après des années de conflits meurtriers aux quatre coins du pays.

Mardi, la Troïka (Grande-Bretagne, États-Unis et Norvège) à la manœuvre sur le dossier soudanais depuis des années, avait appelé le général Burhane à ne pas prendre "de décision unilatérale", l'exhortant à réinstaller Abdallah Hamdok dans ses fonctions.

Les ambassadeurs européens ont rencontré, jeudi, la ministre des Affaires étrangères déposée, Mariam al-Sadeq al-Mahdi, demandant une nouvelle fois "le retour à l'ordre constitutionnel" et "la libération immédiate des détenus", ministres, manifestants, militants et même passants, arrêtés ces dernières semaines.

Ces arrestations en masse n'ont malgré tout pas entamé la détermination des partisans d'un transfert du pouvoir au civil. Ils appellent à une nouvelle "manifestation du million" samedi.

AFP