M. Moussa Fall, président du Mouvement pour un Changement Démocratique (MCD), membre du FNDU : "On peut se diviser sur l’acceptation ou le rejet d’entrer dans un dialogue. Mais une rencontre ne doit en aucun cas constituer une pomme de discorde"

sam, 05/12/2015 - 09:59

Le Calame - Le Calame : Votre parti, le MCD vient, par un communiqué publié, ce vendredi 27 novembre, sur cridem.org, de se désolidariser avec la décision du FNDU de répondre à une invitation du monsieur dialogue du pouvoir. Pouvez-vous expliciter aux mauritaniens cette décision qui ressemble fort à un tournent?

Moussa Fall : Je vais essayer, pour vous et pour vos lecteurs, de mieux expliciter notre position. La formule utilisée dans la déclaration est « ne s’associe pas à cette décision» qui n’est pas encore celle du FNDU. C’est une décision prise par la majorité des partis du pôle politique du FNDU.

Certains partis l’ont rejetée. Voyant qu’elle menace l’unité du pôle politique et, au-delà de ce pôle, celle du FNDU, le MCD a décidé de refuser de s’associer à une telle décision en confirmant son engagement à poursuivre son action dans les rangs du FNDU afin préserver son unité et d’élargir les rangs de l’opposition.

On ne se désolidarise absolument pas du FNDU et c’est pour sauver son unité que cette position a été adoptée par nous. Le compte-rendu des délibérations du pôle politique est remonté vers les instances dirigeantes du FNDU qui ne manqueront pas de déployer les efforts qui s’imposent pour trouver les compromis permettant une solution acceptable pour tous les partis.

Quelle est cette « question secondaire » qu’évoque le communiqué et qui serait à l’origine de votre retrait mais aussi de celui du RFD?

Je précise encore une fois que nous ne nous sommes pas retirés du FNDU et, à ma connaissance, le RFD non plus. Nous avons employé le concept « non essentielle » et non « question secondaire » car selon nous, il est inconcevable de se diviser sur le fait d’accepter ou non de rencontrer le Ministre Secrétaire général du gouvernement pour lui demander une réponse écrite aux conditions préalables exigées pour l’ouverture d’un dialogue avec le Pouvoir.

On peut se diviser sur l’acceptation ou le rejet d’entrer dans un dialogue. Ça c’est une question essentielle. On peut se diviser sur les résultats attendus d’un dialogue, c’est aussi une question essentielle. Mais une rencontre, qui n’est qu’une péripétie parmi les innombrables péripéties qui vont jalonner le processus du dialogue, ne doit en aucun cas constituer une pomme de discorde.

Votre retrait, celui du RFD et de l’UNAD ne risquent-ils pas de faire imploser le Forum qui a réussi jusqu’ici à maintenir son unité ?

Encore une fois nous ne nous sommes pas retirés du FORUM et nous œuvrerons pour préserver son unité.

Pourriez-vous reconsidérer votre position au sein du forum si d’aventure il décide, après la rencontre avec Ould Med Laghdaf, d’entamer le dialogue avec le pouvoir ?

Cette rencontre ne se fera, nous l’espérons, que dans le cadre d’une formule garantissant la cohésion du FNDU. Les instances dirigeantes du FNDU feront tout pour trouver la solution qui convient et je pense que tous les partis du pôle politique sont ouverts au compromis aussi bien ceux qui sont pour cette rencontre que ceux qui sont contre.

Le gouvernement a choisi la ville de Nouadhibou pour célébrer le 55ème anniversaire de notre indépendance. Que vous inspire cette délocalisation ?

Les festivités de l’indépendance se déroulent dans toutes les capitales régionales mais la commémoration nationale de cet évènement doit se dérouler dans la Capitale politique du pays, c’est la règle dans le monde entier.

Il est vrai que nous ne savons plus où se situe la Capitale de la Mauritanie. Certes, la Constitution stipule que c’est Nouakchott. Mais, étant donné que Nouakchott n’existe plus en tant qu’entité juridique, la capitale aujourd’hui est-ce Nouakchott Egharbiya, Nouakchott Chemalia ou Nouakchott Eljenoubiya ?

Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est l’indécence de ce faste. On dit que ces cérémonies ont coûté 7,6 milliards d’ouguiyas. Si cette information est vraie, il est déraisonnable, pour un pays qui traverse une conjoncture économique périlleuse et qui s’apprête à entrer dans l’année 2016 qui sera l’année de tous les dangers, de gaspiller tant de moyens dans ces circonstances.

Propos recueillis par DL