Esclavage en Mauritanie : Un sujet tabou qui braque les autorités

mer, 27/03/2019 - 11:27

Perspectives Med - La question des « séquelles » de l’esclavage, officiellement aboli en 1981 en Mauritanie et considéré comme un délit seulement depuis 2007, constitue un sujet de tensions récurrent entre les autorités et les organisations de défense des droits humains, qui déplorent des survivances du phénomène. Le 18 mars 2019, une mission d’Amnesty International refoulée à l’aéroport, alors qu’elle souhaitait effectuer une mission sur les droits humains en Mauritanie. Les deux membres d’Amnesty, François Patuel, chercheur du bureau de l’organisation en Afrique de l’Ouest, et Kiné-Fatim Diop, chargée de campagne, respectivement de nationalité française et sénégalaise, ont été refoulés et renvoyés à Dakar le jour même. Le 28 mars 2018, un photojournaliste franco-marocain, Seif Kousmate, a été expulsé de Mauritanie vers le Maroc alors qu’il tentait d’enquêter sur l’esclavage. Le 8 septembre 2017, une délégation américaine des droits de l’homme a été bloquée à l’aéroport Oumtonsy. Cette délégation privée, organisée par l’Institut d’Abolition basé à Chicago et l’ONG des droits civiques Rainbow PUSH, devait effectuer une visite en Mauritanie pour en savoir plus sur les efforts faits pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles, et promouvoir la cohésion raciale. Cette délégation devait rencontrer l’Ambassadeur des États-Unis à Nouakchott, les hauts responsables du gouvernement mauritanien et les dirigeants de la société civile mauritanienne. Le gouvernement US s’est dit à l’époque déçu et préoccupé par « la décision de refuser à ces militants humanitaires l’entrée au pays. » Le 28 avril 2017, deux chercheuses (Foray et Gosse) qui effectuaient des travaux sur l’esclavagisme et le racisme ont été expulsées également de Mauritanie. Les deux chercheuses ont été convoquées dans les bureaux de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) à Nouakchott. Après quoi, elles ont été déclarées personæ non gratae et priées de quitter le pays dans un délai de cinq jours. Le représentant de la DGSN leur aurait également déclaré qu’il « n’y a pas d’esclavage en Mauritanie ». Le 17 aout 2015, Michel Lawrence Hoffman président de l’organisation des droits de l’homme Vivere basée à Lausanne, est arrivé à Nouakchott pour assister au procès en appel de Biram Ould Dah, président de IRA Mauritanie et de son vice-président, Brahim Ould Bilal. Retenu à l’aéroport de Nouakchott pour « défaut de visa », l’activiste a finalement été expulsé. Perspectives Med