Déconfinement : le gouvernement présente une première cartographie provisoire et incomplète du coronavirus

ven, 01/05/2020 - 00:06

RFI

Le ministre de la santé, Olivier Véran, a présenté, jeudi 30 avril, les indicateurs qui seront désormais utilisés pour classer les départements en rouge, orange ou vert, selon le risque infectieux.

Par Stéphane Foucart

La carte de l'épidémie par département, dévoilée jeudi 30 avril, combinant deux des trois indicateurs pris en compte pour moduler le déconfinement des populations en fonction des territoires.

Du rouge, de l’orange et du vert en attendant le 11 mai. Le ministre de la santé, Olivier Véran, a présenté, jeudi 30 avril, les critères qui seront utilisés pour classer les départements selon le risque infectieux et moduler le déconfinement des populations en fonction des territoires.

La première donnée qui sera mise à profit par les autorités sanitaires sera l’intensité de la circulation du virus dans chaque département. L’estimation de cet indicateur sera effectuée en fonction de la part des patients consultant les services d’urgence hospitalière pour une suspicion de Covid-19.

Trois niveaux de circulation du nouveau coronavirus seront établis : en vert, lorsque cette proportion se situe en deçà de 6 % des patients consultant aux urgences, en orange lorsqu’elle se place entre 6 % et 10 %, et en rouge au-delà.

Carte diffusée jeudi 30 avril par le gouvernement, représentant l’intensité de la circulation du virus dans chaque département.

Cet indicateur sera affiné, a expliqué le ministre de la santé, par d’autres informations comme les remontées du réseau de médecins généralistes Sentinelles ou encore le taux de tests positifs au coronavirus dans chaque territoire. En ne tenant compte que de cet indicateur d’intensité de la circulation virale, l’Aisne, Paris, le Val-d’Oise, le Cher, la Nièvre, le Lot, la Haute-Corse et Mayotte sont situés en zone rouge pour la semaine écoulée.

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Ce critère d’intensité de circulation du virus est complété par l’état de tension dans les établissements hospitaliers et, en particulier, la capacité d’accueil dans les services de réanimation, au niveau de chaque département. La carte présentant la situation au 30 avril place, sans surprise, tout le quart nord-est de la France en zone rouge, la moitié ouest jusqu’à présent largement épargnée par la maladie étant en zone verte.

Carte diffusée jeudi 30 avril par le gouvernement, représentant l’état de tension dans les établissements hospitaliers par département.

Quant au troisième critère utilisé pour graduer le déconfinement selon les territoires, il s’agit de la capacité à tester les personnes symptomatiques ou celles ayant été en contact avec des malades. L’objectif fixé par le gouvernement, rappelé lors du discours d’Edouard Philippe devant l’Assemblée nationale mardi 28 avril, est de réaliser 700 000 tests par semaine. En anticipant 3 000 nouveaux cas par jour au niveau national et en estimant à 25 le nombre de personnes en contact avec chacun d’eux, les autorités sanitaires ont, en effet, calculé qu’il faudra au minimum 525 000 tests par semaine. Les pouvoirs publics prévoient une marge de 175 000 tests hebdomadaires.

Confusion autour de la capacité à tester

Mais décliner ces calculs au niveau des départements est une gageure et aucune carte des tests n’a pu être présentée jeudi soir. Selon les révélations de Mediapart, la direction générale de la santé (DGS) n’est aujourd’hui pas en mesure d’estimer précisément la capacité de tests PCR au niveau des territoires. Selon le quotidien en ligne, la DGS a ainsi mandaté un cabinet de conseil privé pour réaliser cet audit.

« A partir du 11 mai, nous serons en mesure de présenter les tests réalisés au niveau des territoires », a assuré M. Véran. Cette capacité à tester est au centre d’une grande confusion. Les points épidémiologiques hebdomadaires délivrés par l’agence Santé publique France ne tiennent pas compte de l’ensemble des tests réalisés en France. Certains laboratoires de biologie médicale, ainsi que divers laboratoires publics (labos académiques, vétérinaires, de gendarmerie, etc.), ne figurent pas dans le chiffrage officiel.

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Les cartes aujourd’hui tricolores, a expliqué le ministre de la santé, ne sont qu’une indication qui ne préjuge pas de la situation au 11 mai, la date retenue par le chef de l’Etat pour le début du déconfinement. D’ici là, les zones orange basculeront du côté vert ou du côté rouge en fonction de l’évolution de la situation. Seuls le rouge et le vert devraient subsister sur cette cartographie, que les Français retrouveront régulièrement dans le point de situation donné par les autorités de santé.

Stéphane Foucart