La situation difficile de l’Enseignement supérieur exige un audit diligent

sam, 18/07/2020 - 15:58

Dr Ahmed Ould El Moustaph

L’état des lieux de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a fait l’objet d’une étude sommaire que j’ai réalisée il y a plus d’un mois, intitulée : Les dysfonctionnements et les incohérences de l’enseignement supérieur en Mauritanie : analyse et propositions. Elle a été publiée, en arabe et en français, par plusieurs sites d’information locaux. (Voir les liens suivants : http://cridem.org/C_Info.php?article=736807, http://lecalame.info/?q=no..., etc.).

Cette réflexion portait sur l’analyse des causes réelles des dysfonctionnements qui empêchent cette composante de notre système éducatif de jouer pleinement son rôle en tant que levier de développement culturel, scientifique, technologique, et économique pour le pays.  La période étudiée s’étend de 2006 à juillet 2019. Le présent (r)appel ne vise pas à restituer les défaillances et les données alarmantes révélées par cette réflexion, mais plutôt à interpeller les instances officielles auxquelles incombent la mission et le devoir de préserver les biens publics contre la prévarication et / ou la mauvaise gouvernance. Et, comme le dit bien le dicton, les faits sont têtus. Ceux-ci, détaillés et suffisamment documentés par ladite étude, font état d’une multitude d’anomalies : dépenses exorbitantes, budgets fluctuants, institutions ou organes financés par l’argent du contribuable ayant failli à leurs principales missions, retards irraisonnables accusés dans la finalisation de la construction de locaux vitaux pour le secteur et dont le coût s’élève à plus de dix milliards d’ouguiya, économies officiellement annoncées et montants importants inexécutés des budgets alloués au secteur de plus d’un milliard de notre monnaie, sans qu’on sache pourquoi. Aussi, cette réflexion a constaté d’autres anomalies : l’effectif du PATS (personnel administratif, technique et de service) est le double de celui du personnel enseignant permanent, un taux d’efficacité interne et externe très faible, une tendance à l’improvisation, un manque de concertation aux conséquences désastreuses, etc. A cela s’ajoutent des déclarations incohérentes de la part du principal décideur qui prêtent à la suspicion et aux questions de tout ordre et sèment le doute au lieu de rassurer.

Face à cette situation grave dans laquelle se débat l’enseignement supérieur, ce secteur doit résolument faire l’objet d’un audit ou d’une enquête diligente par les organes de contrôle concernés, à savoir l’Inspection générale d’Etat (IGE), la Cour des Comptes ou par toute juridiction nationale compétente afin de faire la lumière sur tous les aspects de sa gouvernance durant la période précitée et pour que la vérité, toute la vérité, sur les faits évoqués soit établie.