Cinq minutes pour comprendre le conflit en Libye : Les dirigeants des principaux pays impliqués dans le dossier se retrouvent ce dimanche à Berlin pour tenter de relancer le processus de paix.

dim, 19/01/2020 - 17:35

 

Les dirigeants des pays impliqués, dont le maréchal lybien Khalifa Haftar dont un homme brandit ici le portrait, ce dimanche dans le conflit libyen se retrouvent pour tenter de mettre un terme à la guerre civile qui ravage le pays. AFP/Abdullah Doma

Par L.G. avec AFP

 

Éviter que la Libye ne devienne une « deuxième Syrie ». Les dirigeants des principaux pays impliqués dans le conflit qui déchire la Libye se réunissent dimanche à Berlin pour tenter de relancer le processus de paix.

L'objectif numéro un de ce sommet sous l'égide de l'ONU, qui s'ouvre en début d'après-midi et doit se terminer tard dans la soirée, est de mettre fin aux ingérences étrangères multiples dans cet Etat où les affrontements se nourrissent d'appétits autour de ses importantes réserves de pétrole, de rivalités politiques régionales et de jeux d'influence.

Quel est ce conflit qui ravage la Libye ?

La Libye n'a jamais su trouver une stabilité depuis la mort du général Kadhafi en 2011. Depuis neuf mois, quelque 280 civils et plus de 2000 combattants ont été tués selon l'ONU. Près de 150 000 Libyens ont été contraints de fuir les combats.

Entre la récente arrivée sur le terrain de militaires turcs, la présence soupçonnée de mercenaires russes et l'afflux continu d'armes livrées par plusieurs Etats, la communauté internationale craint de voir le conflit dégénérer dans ce pays plongé dans le chaos depuis 2011.

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Aucun responsable politique n'a réussi à prendre le contrôle du pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Deux hommes se font la guerre : le maréchal Haftar, le chef de « l'armée nationale libyenne » (ANL) contrôle l'est du pays et une partie du sud de la Libye.

Soutenu par l'Égypte et les alliés de l'Arabie Saoudite, il tente depuis des mois de s'emparer de Tripoli, afin de déloger Fayez al-Sarraj, le Premier ministre reconnu par L'ONU. Tous deux seront présents ce dimanche dans le cadre des négociations. Mais ils ne devraient pas siéger à la même table.

Que faut-il espérer de ce sommet ?

Un engagement à respecter l'embargo sur les livraisons d'armes, décrété en 2011 mais largement resté lettre morte, est en particulier attendu, selon le projet d'accord final.

Un appel à un arrêt « total » et durable des hostilités sur le terrain doit aussi être lancé, tandis que le débat sur l'éventuel envoi sur place d'une force internationale pour en vérifier la réalité gagne du terrain.

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« Nous considérons le sommet de Berlin comme une étape importante pour consolider le cessez-le-feu et aller vers une solution politique », déclarait ainsi le président turc Recep Tayyip Erdogan, un acteur-clé du conflit, à son départ d'Istanbul.

Sur le terrain, l'ONU espère également pendant cette conférence renforcer le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 janvier, à l'initiative de la Russie et la Turquie. Jusqu'ici, la trêve a été plus ou moins respectée entre les deux camps rivaux aux portes de la capitale, mais elle reste fragile : le maréchal Haftar a jusqu'ici refusé de signer un accord en bonne et due forme de cessation des hostilités, contrairement au maréchal Sarraj.

Qui participe aux négociations ?

Les forces du maréchal Haftar ont paru vouloir envoyer un message à la conférence de Berlin en bloquant samedi les principaux terminaux pétroliers de l'est du territoire libyen. Une manière pour elles de protester contre l'intervention turque.

 

Les dirigeants russe et turc, qui jouent aujourd'hui un rôle central en Libye, retrouveront notamment ce dimanche les dirigeants égyptiens, allemand, français, italien et allemand.

La réunion a toutefois déjà fait plusieurs mécontents : le Maroc et la Grèce, qui n'ont pas été invités, mais aussi la Tunisie qui a décliné une invitation jugée trop tardive. L'Algérie sera en revanche représentée.

Quel rôle joue la France dans le conflit ?

La France est soupçonnée par ses partenaires européens de soutenir l'homme fort de l'Est libyen plutôt que le GNA. Il faut voir « le rapport de force tel qu'il est » avec le maréchal Haftar qui contrôle avec ses alliés « grosso modo 80 % du territoire », fait valoir une source diplomatique française.

Au printemps dernier, Emmanuel Macron avait reçu à Paris Fayez al-Sarraj et le maréchal Haftar, à deux semaines d'intervalle. L'initiative se voulait neutre. Reste qu'en juillet dernier, quatre missiles antichars français avaient été découverts dans un quartier général des troupes du maréchal Haftar, amplifiant d'autant plus les soupçons de prise de position officieuse.