Mali : selon l’ONU, l’armée peut revenir à Kidal dès le début du mois de février

sam, 01/02/2020 - 12:29

 

Le Monde - Symboliquement, ce sont des unités dites « reconstituées » qui doivent retourner dans la ville, comprenant d’anciens rebelles conformément à l’accord de paix d’Alger.

L’armée malienne peut commencer à se diriger vers Kidal (nord) à partir du 1er février pour reprendre le contrôle de cette ville symbole qui échappe de longue date à l’autorité de l’Etat malien, a indiqué mercredi 29 janvier la mission de l’ONU dans le pays (Minusma).

C’est à l’armée malienne de décider à présent si elle retient cette date de déploiement, a expliqué une source onusienne. Quelques jours de piste lui seraient ensuite nécessaires pour atteindre Kidal au départ de Gao, environ 200 kilomètres plus au sud, où se trouvent déjà quelques centaines de soldats appelés à se déployer à Kidal.

Le retour de l’armée malienne dans cette ville, aujourd’hui sous le contrôle d’anciens rebelles, est anticipé comme une affirmation forte de l’autorité de l’Etat malien sur le territoire, dont de larges pans lui échappent.

Une commission technique, réunie le 24 janvier au quartier général de la Minusma à Bamako, a fait le point sur les aspects logistiques et techniques du retour des forces maliennes à Kidal, a rapporté la mission de l’ONU dans un communiqué.

Le président de la commission, le général Dennis Gyllensporre, commandant de la force de l’ONU, « a demandé la poursuite de la mise en place des équipements du bataillon, tout en soulignant que cela ne devrait pas être un obstacle au déploiement prévu le 1er février », a rapporté la Minusma.

Le retour de l’armée malienne à Kidal constituerait une « étape déterminante dans la mise en œuvre » de l’accord de paix d’Alger de 2015, selon la Minusma.

Sous le contrôle d’anciens rebelles touareg

L’application de cet accord est considérée comme un facteur primordial d’une sortie de crise au Mali, confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et djihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. La crise, qui s’est propagée aux pays voisins, s’est aggravée ces derniers mois.

Malgré la présence de bases françaises et des forces onusiennes, Kidal est sous le contrôle d’anciens rebelles séparatistes touareg qui se sont soulevés contre le pouvoir central en 2012 avant de signer un accord de paix à Alger trois ans plus tard.

L’accord piétine et le sort de Kidal est une source de fortes crispations. Les voisins du Mali y soupçonnent ou y dénoncent des alliances entre séparatistes et djihadistes. Pour eux, Kidal a aussi servi de base arrière aux attaques djihadistes.

Kidal donne aussi lieu à des accusations contre la responsabilité imputée à la France dans la situation particulière de la ville, mises en cause que la France réfute mais qui nourrissent certains discours contre la présence militaire française au Mali.

Symboliquement, ce sont des unités dites « reconstituées » de l’armée malienne qui doivent retourner à Kidal. Ces unités comprennent d’anciens rebelles intégrés dans l’armée conformément à l’accord d’Alger.

A ce jour, 1 300 anciens rebelles ont été intégrés dans l’armée et affectés aux unités « reconstituées », dont l’une doit s’établir à Kidal, et deux autres à Gao et Tombouctou.

Le rôle du bataillon « reconstitué » de Kidal consiste « premièrement (à) assurer la protection du gouverneur à Kidal.

Le gouverneur, c’est l’élément numéro un du gouvernement à Kidal », disait en janvier un officiel civil impliqué dans l’opération, Samba Tall. L’armée malienne est sous la pression d’attaques jihadistes qui ont fait des centaines de morts dans ses rangs ces derniers mois.