Muhammadu Buhari reconnaît une situation sécuritaire "très préoccupante"
BBC Afrique - Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a déclaré que les forces de sécurité pourraient faire beaucoup mieux dans leurs efforts pour assurer la sécurité du pays.
Dans une rare interview, M. Buhari a décrit la situation dans les régions du nord et du centre comme "très, très préoccupante". "Je pense que l'armée, la police et les autres forces de l'ordre, d'après les rapports que je reçois, pourraient faire beaucoup mieux", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse AFP.
M. Buhari est arrivé au pouvoir il y a cinq ans en promettant de vaincre les islamistes de Boko Haram dans le nord-est, mais l'insurrection continue. La violence ethnique et criminelle, y compris les enlèvements et les rapts de bétail, s'intensifie dans les régions du nord-ouest et du centre.
La semaine dernière, le sénat a adopté une résolution demandant la démission ou le limogeage des chefs militaires en raison de la détérioration de la situation sécuritaire.
"Nous les maintenons en alerte tout le temps et leur rappelons leur devoir", a martelé le chef de l'Etat, ancien général de 77 ans, qui entretenait jusqu'à présent des relations très proches avec l'armée.
Cette remontrance survient quelques jours à peine après que le chef des Armées, le général Tukur Buratai s'est dit "fier" que "les Nigérians vivent en paix et que le Nigeria soit plus sécurisé qu'il y a cinq ans".
Muhammadu Buhari avait été élu en 2015 sur la promesse d'éradiquer Boko Haram, mais malgré les déclarations officielles victorieuses, une immense partie du territoire reste toujours inaccessible et le conflit a fait plus de 36.000 morts en dix ans et deux millions de déplacés.
En plus de la faction historique de Boko Haram, un autre groupe en est issu pour former l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), qui a émergé en 2016, et mène des attaques incessantes contre l'armée nigériane, qui ont vu la mort de dizaines, voire de centaines de soldats ces dernières années.
Jeudi soir, des roquettes ont frappé la grande ville de Maiduguri, capitale de l'Etat du Borno où est né Boko Haram mais qui reste un des rares sites sécurisé de la région, tuant quatre civils.
La situation s'est également largement détériorée dans le nord-ouest et le centre-nord (Etats de Zamfara, Kaduna, Sokoto, Katsina,...) où des voleurs de bétails terrorisent les populations, mènent des raids meurtriers dans les villages et des enlèvements contre rançon à grande échelle.