Élections au Burkina Faso: la Céni se réjouit du bon déroulement du vote
Newton Ahmed Barry, le président de la Céni se réjouit de la façon dont se déroulent les élections couplées au Burkina Faso, ce dimanche 22 novembre 2020. © Paulina Zidi/RFI
Texte par :RFI
Près de 6,5 millions de Burkinabè votent ce dimanche 22 novembre pour élire à la fois leur nouveau président, mais aussi l’ensemble de l’Assemblée nationale. Ils sont treize candidats à briguer la magistrature suprême, dont le chef de l’État sortant Roch Marc Christian Kaboré.
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Le président de la Céni se réjouit du bon déroulement du vote depuis ce matin. Malgré quelques petits problèmes, l’ensemble des bureaux de vote ont pu ouvrir dans les temps. Le matériel manquant est en cours d’acheminement au besoin. Dans certaines zones, où la Céni ne pensait pas pouvoir ouvrir des bureaux, certains bureaux ont pu ouvrir. Et dans d’autres zones, principalement en raison de la situation sécuritaire, des bureaux prévus n’ont finalement pas pu ouvrir et certains ont même dû fermer.
Des bureaux vides à côté d'autres surchargés
Pourtant, durant la matinée, il n’y avait pas le même engouement qu’en 2015, où la participation avait été forte. Il y a même parfois même des situations un peu curieuses. Au lycée de Bambata, en centre-ville d'Ouagadougou, 6 bureaux de vote étaient quasiment vides en milieu de matinée, décrit notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Carine Frenk. Et devant le bureau numéro 7, une longue file d’attente s’était formée et le président nous a expliqué que ça n’avait pas désemplit depuis six heures le matin.
Au centre de vote du lycée Saint-Joseph à Ouagadougou, on constate le même phénomène. La présidente de l’un de ceux-là, Bibata nous raconte qu’à l’ouverture ce matin, il y avait un peu de monde, mais depuis le flux d’électeurs est au compte-goutte. Le bureau d’à côté, lui en revanche fait le plein depuis ce matin. Mme Yarra, présidente du bureau, répond en rigolant que « c’est la chance ! », qui explique ces différences d’affluence.
Dans l'ensemble, l'ambiance est assez calme, rapporte notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Paulina Zidi. Aucun incident majeur n’a donc pour le moment été signalé à la capitale à la mi-journée. Il n’y pas non plus de chiffre de la participation. Des observateurs croisés dans un bureau de vote du centre-ville confirmaient cette impression. Ils n’avaient pas constaté de leur côté de tension particulière.
Le bureau de vote du groupe scolaire Paspanga dans le centre-ville de Ouagadougou, ce dimanche 22 novembre dans la matinée. © Paulina Zidi/RFI
Les bureaux de vote sont dans les clous : les urnes sont scellées et les représentants des candidats sont là. Il manque parfois du gel hydroalcoolique ou des enveloppes pour le dépouillement. Tout ce matériel est attendu dans la journée. Les responsables des bureaux se veulent de leur côté rassurants expliquant que cela n'empêche pas la tenue du scrutin.
Inquiétudes sécuritaires et légers dysfonctionnements
Dans l'ensemble, le vote se déroule dans le calme à l'intérieur du pays, raconte notre correspondant au Burkina Faso, Yaya Boudani. Même si quelques difficultés d'organisations sont à noter, notamment dans l'extrême-nord à Tin-Akoff où la population patiente. Le personnel et le matériel électoral n'ont pas pu quitter la localité de Gorom-Gorom pour des raisons sécuritaires. C'est dans la zone de Tin-Akoff que 14 militaires ont été tués dans une embuscade le 11 novembre.
Dans l'Est, certains bureaux de vote de Diapaga ont dû être fermés. Des hommes armés auraient menacé de représailles les conseillers des villages. Même les bureaux où le vote avait commencé ont du être fermés. Le matériel électoral a été ramené dans le chef-lieu de la province.
Sur le terrain, les forces de l’ordre sont massivement déployées pour la sécurisation du scrutin. L’objectif est de prévenir toute attaque de jihadistes qui tenteraient de perturber les opérations électorales. En raison de cette situation sécuritaire instable, près 6% des bureaux de vote du pays ne peuvent d’ailleurs pas ouvrir.
Il y a eu quelques dysfonctionnements dans la commune de Zianaré située dans la région Plateau-Central. Certains agents avaient dû mal à maîtriser les différentes étapes du processus. Et des bureaux de vote n’avaient toujours pas reçu les feuilles pour les procès-verbaux. Selon le gouverneur de la région du Sahel, le colonel-major Salfo Kaboré, aucun incident majeur n'a été signalé de son côté. Du côté de Bobo-Dioulasso c’est le manque de matériel dans certains bureaux de vote qui a entraîné des retards. À la mi-journée, les fichiers concernant les législatives n’étaient toujours pas disponibles.
Quelques couacs au démarrage
À six heures à Ouagadougou dans le centre de vote de l’école primaire Toudweogo, dans le nord de la capitale, le premier électeur a voté à l’heure. Il s’agit de Mohammed Lemine, présent dès 5h30 pour glisser rapidement son bulletin dans l'urne avant la « bousculade ». Mais si ce bureau de vote a bien ouvert à l’heure, il semble l’exception puisque les cinq autres du centre n’accueillaient pas encore d'électeurs à 6h15. Quelques retards à l'ouverture étaient donc à signaler, décrivait . À l'École Charles Peguy en revanche, dans le quartier Tanghin, toujours au nord de la capitale, les trois bureaux du centre ont bien ouvert à l’heure. Pas de file d’attente pour voter, les électeurs arrivent petit à petit.
Les électeurs votent deux fois pour cette élection : d'abord pour la présidentielle, puis ils reviennent dans l'isoloir pour les législatives. Certains confient que ce second vote est plus laborieux, puisque notamment dans le quartier de Somgandé, il y a près de 90 listes. Le bulletin fait donc la taille d'une petite affiche. Et un votant expliquait qu'avec sa vue défaillante, il avait eu du mal à voter.
Les bureaux de vote devaient ouvrir dès 6h ce dimanche 22 novembre pour permettre aux Burkinabè de désigner leur président et leurs députés. © RFI/Paulina Zidi
Vers neuf heures au lycée Bambata dans le centre-ville de Ouagadougou, il y a un peu plus de monde. Dans la file d’attente, Marguerite attend de pouvoir voter. Elle est d’abord allée à la messe ce matin et ensuite, elle est venue déposer son bulletin dans l'urne. Il y a aussi Souleymane, un jeune homme qui attend son tour. C’était important pour lui de venir voter aujourd’hui. Sa préoccupation est surtout sécuritaire. Alors ce matin, avant de venir, il a été à l’église et il a prié pour qu’il n’y ait pas d’attaques ce dimanche.
Moi avant de voter, j'ai prié chez moi et j'ai demandé au bon Dieu de nous épargner vraiment pour qu'il n'y ait pas d'attaque terroriste. Aujourd'hui, c'est un jour spécial. On veut voter dans la paix et que le meilleur gagne.
Les électeurs burkinabè s'expriment en attendant leur tour pour voter
Carine Frenk
Un président et 127 députés à élire
Les électeurs doivent choisir leur président pour les cinq prochaines années parmi les 13 candidats en lice, dont le chef de l'État sortant Roch Marc Christian Kaboré qui a glissé son bulletin dans l'urne dans la matinée à l'école Patte d'oie. Ils doivent aussi élire les 127 députés de l’Assemblé nationale.
Le président sortant Roch Marc Christian Kaboré a voté dimanche matin dans un bureau de vote de Ouagadougou. REUTERS - ZOHRA BENSEMRA
Plusieurs autres candidats à la présidentielle ont déjà accompli leur devoir électoral. Zéphirin Diabré, le chef de fil de l’opposition a voté dans la matinée à Ouagadougou. Le candidat Tahirou Barry a voté à de l'école Nonglom de Toudoubweogo toujours dans la capitale. Gilbert Noël Ouédraogo, de l’ADF-RDA, a voté à Ouahigouya. Enfin, le candidat du parti Soleil d'Avenir, Abdoulaye Soma a accompli son devoir civique à l'école publique Tougouena au secteur 5 de Banfora. Le candidat de l'ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo, a voté aussi dans la matinée.
Au total, 21 155 kits de matériel, notamment les bulletins de vote et les procès-verbaux, ont été distribués. Pour organiser ces élections, le budget s’élève à 90 milliards de francs CFA (13 millions d’euros).
Si le pouvoir en place se montre confiant quant à l’issue de ce premier tour, allant même jusqu'à prédire un coup KO, l’opposition n’a pas dit son dernier mot. D'ailleurs son chef de file a d’ores et déjà mis en garde contre le risque de « fraudes massives ». « Nous sommes prêts à perdre à la loyale, explique Zéphirin Diabré, mais nous n’accepterons pas de nous faire voler la victoire. »