L’accord post-Brexit signé par l’UE et approuvé par les députés britanniques
LE SOLEIL
A la veille de la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen, les députés britanniques ont approuvé mercredi l’accord post-Brexit conclu entre Londres et l’Union européenne pour encadrer la rupture historique.
Signé au cours d’une brève cérémonie dès mercredi matin par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et son homologue du Conseil Charles Michel, le texte de 1.246 pages doit être paraphé dans l’après-midi par le Premier ministre britannique Boris Johnson, après avoir traversé la Manche à bord d’un avion de la Royal Air Force.
Le compromis, conclu la veille de Noël pour éviter le chaos d’un « no deal », pourra entrer en vigueur jeudi à 23H00, heures de Londres et GMT (minuit à Bruxelles), quand le Royaume-Uni mettra un terme à 47 ans d’intégration européenne.
Après un débat limité à une matinée, il a été voté par les députés britanniques, par 521 voix et 73 contre. C’est désormais au tour des Lords, à la chambre haute du Parlement, de l’examiner.
« Meilleur ami »
Saluant l’ouverture d’un « nouveau chapitre », Boris Johnson a assuré devant les députés que le Royaume-Uni resterait « le meilleur ami et allié » de l’Union européenne, après en avoir été un « membre peu convaincu ». Le dirigeant conservateur a aussi espéré que cet accord « mette fin à une partie de la rancune et des récriminations » et permette aux Britanniques de « passer à autre chose » après les quatre ans et demi de déchirements ayant suivi le référendum de juin 2016.
Keir Starmer, le chef de l’opposition travailliste, avait appelé ses troupes à voter l’accord, pourtant rejeté par une partie du Labour. Même s’il juge « maigre » l’accord obtenu, M. Starmer considère que c’est « mieux que pas d’accord du tout ». Dans le camp conservateur, les plus fervents partisans du Brexit de l’European Research Group sont rentrés dans le rang, estimant que l’accord « préserve la souveraineté britannique ».
Parmi les opposants au texte, le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, favorable au Brexit mais opposé aux contrôles douaniers entre la province britannique et le reste du Royaume-Uni, ainsi que les europhiles du parti libéral démocrate et de la formation indépendantiste écossaise SNP.
Unité menacée
Le Royaume-Uni, officiellement sorti de l’UE le 31 janvier dernier, cessera jeudi soir d’appliquer les règles européennes. Il quittera le marché unique, l’union douanière et le programme d’échanges d’étudiants Erasmus. « Cela a été un long chemin. Il est temps désormais de laisser le Brexit derrière nous. Notre avenir se construit en Europe », a commenté la cheffe de l’exécutif européen sur Twitter. Charles Michel a salué « un accord juste et équilibré » et s’est félicité de « l’unité sans précédent » démontrée par les Vingt-Sept dans les négociations.
Avec cet accord conclu après des mois de négociations acharnées, l’UE offre au Royaume-Uni un accès sans droits de douane ni quotas à son marché de 450 millions de consommateurs, mais prévoit pour éviter tout dumping des sanctions et des mesures compensatoires en cas de non respect de ses règles en matière d’aides d’État, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.
Londres et Bruxelles évitent ainsi le choc d’un « no deal » avec des barrières commerciales qui auraient coûté cher à leurs économies déjà affaiblies par la pandémie. Boris Johnson n’avait pas besoin d’une nouvelle crise, à l’heure où les hôpitaux britanniques se trouvent au bord de la rupture face à l’accélération des contaminations malgré le reconfinement d’une grande partie de la population.
La fin de la période de transition marque cependant un bouleversement majeur : les contrôles douaniers aux frontières viendront alourdir les échanges et la libre-circulation s’arrête pour les Britanniques et les citoyens de l’UE sur leurs territoires respectifs.
Le gouvernement britannique voit par ailleurs l’unité du Royaume se fissurer. En Écosse, qui a voté à 62% contre le Brexit en 2016, les sondages montrent une majorité de la population favorable à l’indépendance, pourtant rejetée par un référendum en 2015. AFP
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