Le temps du changement
L'Authentique - Depuis l’entame de l’ère Ould Ghazouany il y a un peu moins de deux ans, on ne cesse de nous rabâcher les oreilles pour nous amener à honnir le régime de l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz et surtout l’homme, devenu au terme de ses mandats, le Mauritanien le plus fortuné.
Cette campagne – qui ne dit pas son nom- ressemble à bien des égards à celle qui avait été menée au temps des grands moments de Ould Abdel Aziz. A l’époque, les colonels et les élus avaient rivalisé d’ardeur pour nous forcer à accepter cet homme et partant, nous convaincre que sous le régime civil de Sidioca, les institutions avaient été sabotées.
Ils nous répétaient, à longueur de journée, que le coût de la vie avait augmenté de manière injustifiée, parce que l’Etat avait démissionné de sa mission et laissé libre cours aux commerçants. Ils nous disaient encore que le favoritisme, le copinage et la corruption gangrénaient le pays et lésaient les citoyens...
Aujourd’hui, la Mauritanie doit bien faire le bilan de ce qui s’est passé depuis. Sa situation n’est pas des meilleures. Sur nombre de points décriés, elle s’est même empirée. Et pour faire une simple petite comparaison entre ce qu’ils décrivaient hier et la situation actuelle du pays, revisitons les propos de l’époque et interrogeons-nous sur notre quotidien.
Juste après leur coup d’Etat, nos vaillants officiers ont eu à faire face à une vague de terrorisme qui dénotait de l’incapacité des militaires à gérer le domaine qui était supposé être celui de leur compétence.
Les attentats de Tourine, celui, heureusement avorté, de l’Ambassade de France ajoutés à ceux de Néma et de Nouakchott avaient fini par nous démontrer combien leurs assertions étaient inexactes.
Que se passe-t-il aujourd’hui ? On se dirige vers la tenue d’un dialogue social et la situation politique tend certes vers le consensus, mais rien n’exclut que la scène explose à terme. Tout dépendra de la capacité du président de la République à contenir ses adversaires et à répondre à ses promesses.
Sur le plan administratif, l’Etat se trouve désormais réduit à un résidu de fonctionnaires misérables pataugeant dans la dèche permanente. Les promotions ne répondent plus au moindre critère. Sur le plan économique, les prix des denrées alimentaires flambent sans cesse.
Les commerçants, alliés naturels du Pouvoir, n’en font qu’á leurs marges. Ils ont tellement les mains libres qu’ils peuvent même se permettre d’écouler, sans aucun contrôle et toute impunité, n’importe quel poison sur le marché national.
Le tribalisme, le sponsoring de pratiques esclavagistes, le clientélisme à l’état brut et d’autres agissements aux antipodes de l’esprit de la République et de l’Etat tout court, sont monnaie courante. Et comme tout ceci ne suffisait pas, voici l’équipe qui fustigeait le régime de Ould Abdel Aziz maintenir à leurs fonctions, certains de ses symboles.
Oumar Moctar