POLITIQUE
[Exclusif] Mauritanie – Mohamed Ould Abdelaziz : « Je n’ai aucun problème personnel avec le président Mohamed Ould Ghazouani »
RÉSERVÉ AUX ABONNÉS | 16 avril 2021 à 14h59 | Par Justine Spiegel - à Nouakchott
Dans la seconde partie de l’entretien exclusif qu’il a accordé à « Jeune Afrique », l’ex-président mauritanien s’exprime pour la première fois sur le conflit qui l’oppose à son successeur, qui fut aussi son ami et son plus proche collaborateur durant ses deux mandats, de 2009 à 2019.
Dans le premier volet de l’entretien, publié le 15 avril, qu’il a accordé à JA, Mohamed Ould Abdelaziz revient sur les accusations qui le visent, mais aussi sur son rapprochement avec le parti Ribat Al Watani. L’ancien président a été inculpé en mars 2021 pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice.
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Cette fois, il se confie pour la première fois sur le conflit qui l’oppose à Mohamed Ould Ghazouani, qui fut son chef d’état-major des armées et son ministre de la Défense. A Nouakchott, si seuls quelques kilomètres les séparent, un mur de silence s’est dressé entre les deux hommes, qui s’étaient liés d’amitié lors d’une formation au grade de capitaine, en 1986. Des intermédiaires se sont succédé, mais nul n’a réussi à rétablir le dialogue, rompu depuis novembre 2019. Que s’est-il passé ? « Aziz » livre sa version de l’histoire.
Jeune Afrique : Vos avocats s’apprêtent à lancer des procédures auprès de l’Union africaine ou encore de la Ligue arabe. Etes-vous en quête de soutien auprès de vos anciens homologues ?
Mohamed Ould Abdelaziz : Je n’attends rien d’eux, je souhaite les informer sur ma situation, afin qu’ils sachent que leur ancien collègue n’est pas celui qui est décrit par le système actuel. J’ai quitté le pouvoir, j’ai fait mes deux mandats et je suis parti. Pourquoi ? Pour aider à ancrer la démocratie dans mon pays. Je suis un militaire et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, tous les militaires ne sont pas des dictateurs. Pendant les 21 années au pouvoir de Maaouiya Ould Taya, il n’y avait pas d’espoir, tout était fermé. Quand il a été victime d’une tentative de coup d’Etat en 2003, je l’ai sécurisé et je l’ai ramené au pouvoir. Mais quand j’ai vu qu’il persistait dans la même voie, c’est moi qui ai décidé de changer le système. Je ne me suis pas présenté, comme je m’y étais engagé, et un président a été élu.
Sauf que vous avez également renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, effectivement démocratiquement