France24 - La France va apporter au Liban dans les 12 mois 100 millions d'euros de "nouveaux engagements, en appui direct à la population" et envoyer 500.000 doses de vaccin contre le Covid-19 dès le mois d'août, a annoncé Emmanuel Macron, au début d'une conférence internationale d'aide au pays plongé dans la crise.
La France va fournir dans les mois qui viennent 100 millions d'euros d'aides directes à la population libanaise, a annoncé, mercredi 4 août, Emmanuel Macron en ouverture d'une conférence internationale de soutien à la population libanaise, un an jour pour jour après la double explosion meurtrière dans le port de Beyrouth.
Cette aide portera notamment sur l'éducation, les besoins alimentaires et l'agriculture, a annoncé le président français, en ouvrant, depuis de Fort de Brégançon, cette visioconférence co-présidée par l'ONU.
La conférence vise à répondre aux "nouveaux besoins" d'urgence de la population, estimés à 350 millions de dollars par les Nations unies, dans les domaines alimentaire, de la santé, de l'éducation et de l'assainissement de l'eau, explique-t-on à l'Élysée.
Une aide de 280 millions d'euros a déjà été mobilisée lors des deux premières conférences internationales organisées par la France, ex-puissance mandataire, après la tragédie du port en 2020.
"Une faute historique et morale"
Le pays est à genoux, un an après l'explosion, classée parmi les plus grandes déflagrations non nucléaires, qui a tué plus de 200 personnes, défiguré une partie de la capitale et traumatisé les Libanais.
Il fait face à une triple crise politique, économique, l'une des pires à l'échelle mondiale depuis 1850, selon la Banque Mondiale, avec des pénuries de carburant, médicaments et des coupures d'électricité jusqu'à 22 heures par jour, et sanitaire liée au Covid-19.
L'aide structurelle nécessaire à la sortie de crise reste subordonnée à la formation d'un gouvernement et à la mise en oeuvre de réformes, que la communauté internationale réclame en vain depuis des mois.
Le pays est sans gouvernement depuis la démission de Hassan Diab et de son équipe au lendemain de l'explosion. Les dirigeants libanais, enfermés dans d'interminables marchandages clientélistes, sont restés depuis sourds à toutes les menaces de sanctions, notamment de Paris.
Le nouveau Premier ministre désigné le 26 juillet, Najib Mikati, a promis de former sans délai un gouvernement. Mais pour l'heure rien ne bouge. "Les dirigeants libanais semblent faire le pari du pourrissement" en bloquant depuis des mois la formation d'un gouvernement et la mise en oeuvre de réformes, a ainsi déploré Emmanuel Macron lors de la vidéoconférence, agitant une nouvelle fois la menace de sanctions à leur encontre.
Paris a déjà restreint l'accès au territoire français de plusieurs personnalités libanaises, sans toutefois dévoiler lesquelles.
"Je pense que c'est une faute historique et morale", a-t-il ajouté. "Ils ne doivent pas douter une seule seconde de notre détermination", a-t-il insisté, en rappelant les "mesures restrictives" déjà prises à leur encontre et le "régime de sanctions" instauré vendredi par l'UE. "La crise que vit le Liban n'est pas un coup du sort, ni une fatalité. Elle est le fruit de faillites individuelles et collectives et de dysfonctionnements injustifiables".
"Les dirigeants libanais sont redevables de la vérité, la transparence, à l'égard de leur population" concernant l'explosion au port de Beyrouth, a-t-il également insisté alors que les conclusions de l'enquête n'ont pas encore été rendues, un an après la catastrophe.
"La France et plusieurs autres (pays) ont coopéré pour apporter toutes les informations dont nous disposions, nous sommes disponibles pour toutes les coopérations techniques" qui seraient encore nécessaires dans cette enquête dont les conclusions sont "attendues par toute la population libanaise", a souligné le président français.
Le chef de l'État a précisé que la France enverrait également au Liban 500 000 doses de vaccins contre le COVID-19 dans les prochaines semaines.
La vidéoconférence réunit les représentants d'une quarantaine d'États et d'organisations internationales, en distantiel. Le président américain Joe Biden s'exprimera via un message enregistré. Son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi de Jordanie Abdallah II et le chef de l'Etat libanais Michel Aoun y participeront.
De même que les Premiers ministres irakien, canadien, grec, la directrice générale du FMI et celui de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le président du Conseil européen Charles Michel, les ministres des Affaires étrangères d'une dizaine de pays européens et des représentants du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.
Avec AFP et Reuters