Nouakchott est-elle viable à moyen terme ?

mar, 23/06/2015 - 11:47

 
Il y a de nombreuses années déjà que Nouakchott connaît de graves problèmes d’urbanisme dus entre autre à un exode rural qui pousse des milliers de nomades et agriculteurs à la recherche d’une meilleure vie dans la capitale. Dans la précipitation des quartiers ont été érigés et la ville qui comptait juste quelques milliers de personnes dans les années 70, abrite aujourd’hui plus de tiers de la population totale du pays. Les pluies tombées l’année dernière à Nouakchott ont mis à nu une la chaotique urbanisation de la ville.

Pourtant de nombreuses études environnementales ont mis en garde contre le danger que courent certains quartiers de Nouakchott particulièrement exposés aux inondations et à la remontée des eaux de surface. Ainsi Sebkha, El Mina, une partie du centre ville sont vulnérables à ces phénomènes. C’est alors que la relative bonne pluviométrie enregistrée dans la capitale a plongé les habitants de ces zones dans le désarroi. Maisons totalement submergées, routes impraticables, apparition de foyers de moustiques et mouches à cause des eaux stagnantes etc. En somme des choses prévisibles puisque les quartiers touchés sont soit construits sur des zones marécageuses soit dans des endroits très bas. Jusque là les habitants de ces zones avaient été plus ou moins chanceux bénéficiant d’une météo tolérante, avec tout de même un déficit pluviométrique quasi-chronique à Nouakchott. Mais il a fallu que les nuages porteurs d’eau soient plus nombreux dans le ciel pour que la capitale baigne dans l’eau en différents endroits. Ainsi le quartier de la socogim ps jusque là très prisée entre autre pour sa proximité du centre ville et le fort débit de son eau, est aujourd’hui à moitié déserté. La succession de pluies de l’année dernière a condamné de nombreuses familles à quitter leurs propres demeures pour de d’onéreuses locations dans des quartiers plus sûrs. Ce quartier érigé dans une cuvette est encore plus victime de la remontée des eaux que des dernières pluies. L’eau salée envahie inexorablement les maisons à tel point que seuls ceux qui ont des maisons à étages sont à même de résister. Pour les autres, points de solutions à court terme.
La responsabilité d’une telle chose revient à l’Etat mauritanien qui a construit des habitats sociaux dans des zones particulièrement exposées (Socogim PS, Socogim plage etc). C’est également le cas pour les lotissements dans la sebkha où il est clair que des quartiers comme Basra, Kouva, Netec etc. ne sont pas viables à moyen terme. Nous l’indiquions déjà dans un article paru il y a une année qu’une bonne partie de Nouakchott ne serait plus habitable à l’horizon 2020 à cause de la montée de l’eau de mer. Cela se vérifie déjà avec les pluies de cette année. Une chose qui devrait amener les autorités à prendre les devants en prenant de vraies mesures anticipatives. Il va de soi que le site du centre ville est à revoir également en raison de sa très mauvaise conceptualisation. En somme au lieu de « mesurettes » prises ci et là, il faudrait songer à aménager un nouveau centre ville et commencer à préparer un déménagement des quartiers particulièrement exposés vers de nouveaux sites plus sûrs.