RFD - Monsieur le Premier Ministre,
Nous avons reçu votre lettre relative au dialogue que le gouvernement projette d’organiser en ce mois d’octobre 2015, ainsi que les travaux des journées de concertation tenues en septembre dernier, par un groupe de partis et de personnalités liés au gouvernement. Comme vous le savez déjà les résultats de ces journées n’engagent que leurs organisateurs ou ceux qui y ont participé.
Le FNDU avait à juste titre décliné la participation à ces journées décidées unilatéralement par le gouvernement, et dont la suite tapageuse, consistant uniquement au dénigrement systématique du FNDU, nous conforte dans la position que nous avons adoptée alors.
Cependant le FNDU a, depuis sa création et à toutes les occasions, proclamé son attachement au dialogue avec le gouvernement pour rechercher ensemble, une sortie de la crise multiforme dans laquelle notre pays se débat depuis de bien longues années.
Cet attachement au dialogue est d’autant plus constant et sincère que le FNDU mesure à la fois, la gravité de cette crise ainsi que les dangers auxquels s’expose notre Pays si des solutions consensuelles, efficaces et urgentes ne sont pas trouvées.
C’est donc fort de cette position d’ouverture constante que le FNDU est tout à fait prêt à participer à tout dialogue avec la partie gouvernementale dès lors que ce dialogue se déroule de bonne foi, et dans la recherche d’un consensus national autour des intérêts majeurs de notre Pays.
Par contre, l’on est fondé à mettre en doute la sincérité et la bonne foi du Pouvoir quant à sa volonté de mener un dialogue sérieux et responsable avec l’opposition nationale et d’en appliquer les résultats éventuels. Son histoire avec les différents dialogues qu’il a menés avec ses partenaires fondent largement ce doute : accords de Dakar, accords avec ADIL, accords avec AJD/MR, accords avec la CAP dont il a refusé l’application, d’une part, et les différents dialogues avec la COD et le FNDU desquels il s’est dérobé et qu’il a sabotés en cours de route, d’autre part.
Les dernières assises dites de concertation et la convocation unilatérale du dialogue en préparation actuellement démontrent que le pouvoir cherche visiblement autre chose que le dialogue avec l’opposition.
Notre conviction est qu’en vous engageant de façon unilatérale dans un processus préparatoire du dialogue national, mettant ainsi en cause les avancées acquises lors des échanges et discussions entamés en avril et mai 2015, vous vous êtes détournés de toute possibilité d’agréger pour le dialogue, des acteurs politiques et sociaux sérieux, responsables et soucieux de trouver des solutions durables à la crise que nous évoquions.
La Mauritanie a besoin d’un vrai dialogue, et le FNDU est prêt pour y apporter sa contribution. Par contre, le monologue qui se prépare ne fera que retarder, la sortie de la crise multiforme, qui n’a que trop duré.
Le Dialogue n’est pas un jeu politicien, mais plutôt la confrontation intelligente, des solutions les meilleures, pour résoudre pacifiquement et de façon civilisée, un problème commun.
A nouveau, nous vous invitons à revenir au processus que nous avions engagé en avril et mai 2015, et qui avait entrouvert les possibilités d’organisation d’un dialogue sérieux, susceptible d’aboutir à des résultats acceptables, pour le règlement des graves problèmes qui se posent à notre Pays.
Nous voudrions saisir cette occasion pour vous rappeler à travers les copies jointes, notre plateforme (Document du FNDU pour le Dialogue avec le Pouvoir), nos correspondances des 26 mai et 17 août 2015, en espérant une réponse aux propositions constructives, que nous avons formulées dans l’intérêt de notre Pays, dans le cadre de la préparation d’un Dialogue national inclusif et sérieux, que nous espérions.
Nous observons avec inquiétudes, la fièvre du dialogue qui pousse le Pouvoir à battre campagne dans une ambiance de fortes manifestations du tribalisme et du communautarisme, ce qui constitue une menace grave pour notre cohésion et notre Unité nationales.
Les défis qu’affronte notre Pays, dans une sous région menacée par le terrorisme, nous obligent dans l’urgence à trouver des solutions consensuelles qui mobilisent et engagent notre peuple.
Les Mauritaniens et en particulier notre jeunesse, attendent de nous, des réponses positives et concrètes, à leur aspiration légitime du « Vivre ensemble », dans la paix, la démocratie et dans un Etat de droit porteur de progrès.
Nous sommes convaincus que dans l’intérêt de notre Pays, sa stabilité, sa cohésion et son Unité dans la diversité, nos exigences pour entreprendre ensemble, les préparatifs concertés devant conduire à l’organisation d’un dialogue national inclusif, sont justes et patriotiques.
Dans l’attente d’une reprise du processus de concertation responsable et mutuellement respectueux, avec le FNDU, nous vous prions Monsieur le Premier Ministre de recevoir nos meilleures salutations.
Maître Diabira Maroufa
Nouakchott, le 13 Octobre 20015