Le Calame - « Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons». Auguste Renoir
Le gouvernement vient de convier, encore une fois, pour le mois d’Octobre, la classe politique, à un dialogue qui sera l’ixième, depuis le coup d’Etat du 06 Août 2008. Une première invitation, pour le 07 Septembre, avait été récusée par la principale force de l’opposition, le FNDU, ce qui obligea le pouvoir à changer le nom des assises en « journées de concertation, en vue de la préparation du dialogue ».
Y prirent part, pour meubler voire remplir les lieux, les ongs qui se comptent par milliers, les partis cartables de la majorité, un peu plus de soixante, gravitant autour de l’UPR. En plus, de tous les passants et curieux venus des bidonvilles et d’ailleurs, qui ont envie de passer un moment au palais des congrès.
Aussi, l’opposition dialoguiste de 2011, la CAP, qui n’est pas parvenue, à ce jour, à faire appliquer certains points conclus dans ses négociations passées et qui était, naguère, contre tout nouveau dialogue, s’est présentée à l’ouverture des assises pour réclamer le report afin, dit-elle, de lui permettre d’attirer le FNDU au conciliabule.
Doléance non acceptée, ce qui a été probablement, à l’origine de leur absence pendant la clôture. Décision louable. En effet, le dialogue n’est pas un vain mot prononcé du bout des lèvres, parfois avec mépris de ceux qu’on y invite. Sachant qu’a priori, personne ne le refuse.
Au contraire, c’est un état d’esprit auquel on se prépare et se prédispose, avec ses préalables, oui, ses conditions, ses exigences, ses ingrédients ou épices qui lui donnent sa saveur. C’est le sel de la démocratie, comme disait Descartes « les passions sont le sel de la vie».
C’est pourquoi il faut le préparer en commun accord, surtout, quand le vis-à-vis (FNDU) pense qu’il s’agit de la continuation de celui qui était en cours aux mois d’Avril et Mai passés, et pour lequel, certaines réponses écrites restent attendues.
Toutefois, si une telle envie, de tenir un dialogue inclusif, anime réellement le pouvoir, pourquoi n’accepterait- il pas de répondre, par écrit, au FNDU ?
Et là, nous aurons une chance d’avoir tout le monde qui compte en politique, sur la même table de négociation, et de répondre à l’impérieuse nécessité d’une entente nationale, qui suppose une convergence de vues, sur le principe d’un dialogue inclusif et consensuel, afin de permettre une transition sans heurts, apaisée et démocratique.
Surtout, si l’on sait que depuis presque un quart de siècle, certains démocrates sincères militent, inlassablement, pour l’instauration d’une démocratie véritable dans ce pays. Des femmes et des hommes ont fait des sacrifices énormes pour atteindre cet objectif.
Ils y croient, fermement, armés d’une pugnacité extrême. D’où l’impossibilité de les embarquer dans une logique dialoguiste, sans concertation, vers une nouvelle excursion à résultat incertain.
Ce sont ceux-là qui sont le porte-étendard et l’incarnation réelle de l’opposition, face à un système qui n’a jamais changé de main. C’est avec eux qu’il faut négocier, directement, pour sortir de l’impasse ou pas, au lieu de tourner autour de la question. Le reste n’est qu’illusion.
Plutôt que de se concentrer à diviser le FNDU, comme il l’avait fait à la COD, en 2011, le pouvoir devrait cesser ses tentatives de le fissurer, pour amener certains de ses partis et personnalités à accepter d’aller au nouveau dialogue.
Il est vrai, qu’en d’autres temps, que nous souhaitons à jamais révolus, le pouvoir utilisait des méthodes peu orthodoxes en démocratie pour miroiter des lendemains meilleurs en vue de diviser pour atteindre ses objectifs, permettant à chaque tendance de conspirer contre l’autre, espérant sortir avec des dividendes en sa faveur.
Certains passent de l’extrême gauche, à l’extrême droite, toujours dans un sens unique, mine de rien, tournent le dos à leurs camarades, et hochent les épaules sans dire au revoir.
C’est un principe de la politique de chez nous, qu’ont pratiquée, sans hésitations, ceux- là mêmes qui sont censés être les mieux pourvus pour la démocratie.
Au total, nous gardons à l’esprit, aujourd’hui, les déceptions suite aux négociations de Dakar qui, malgré leur supervision par la communauté internationale, n’ont pas connu d’application des termes des accords. Le dialogue de 2011, entre la CAP et le pouvoir a connu des atermoiements dans l’application de certains points importants.
Et la tentative de ceux de 2013, avant les législatives, et 2014 avant la présidentielle ont, à peine, permis la prise des photos d’usage pour la consommation extérieure, si ce n’était pas là, d’ailleurs, l’objectif réel d’une telle tentative.
Autant de preuves qui ne laissent aucune lueur d’espoir pour une confiance future, à moins que des actes palpables et visibles viennent contrarier de telles convictions.
En conséquence, l’opposition en général, et le FNDU en particulier, doivent demeurer vigilants vis-à-vis d’éventuels scénarios du pouvoir. Et de se prémunir, contre d’éventuelles ruses qui l’aideront à les embourber dans l’impasse où il se trouve et lui servir de couverture de validation pour ses desseins (éventuellement calendrier des élections, tripotage de la constitution etc…).
Quoiqu’il en soit, se retrouvant face à face dans un dialogue, ou se renvoyant dos à dos, le pouvoir et l’opposition (FNDU) ont chacun la certitude d’avoir ses raisons.
Dy Ould Hasni Ould Moulaye Ismail