L'Authentique - Voilà trois samedis successifs que l’opposition mauritanienne dite radicale, réussit à organiser de grandioses rassemblements. Il s’agit d’amener le pouvoir à plus d’ouverture, mais aussi de l’amener à améliorer le quotidien du peuple.
Même si tout le Nouakchott n’était pas dans la rue pour battre le pavé ces trois samedis, des milliers de personnes, surtout des jeunes ont répondu avec enthousiasme et engagement à l’appel de ceux qui ne demandent pas moins que le changement. Changement dans la manière de conduire les affaires du peuple.
Contrairement à la mauvaise publicité, aux rumeurs et aux intoxications orchestrées par les soutiens du pouvoir, les meetings se sont bien déroulés, en toute quiétude. Mieux, un impeccable service d’’ordre issu des commissions du Forum de l’opposition a réussi à canaliser la foule et à faire suivre les consignes et le mot d’ordre donnant à l’action toute sa dimension pacifique.
Au terme de ces deux premiers regroupements, l’opposition peut jubiler. Son pari a été totalement réussi. Tous ses leaders étaient présents et l’ensemble des forces de contestation, réticentes au départ, ont aussi massivement participé à la marche du défi.
"La fin de la gabegie, le fin de la corruption… le changement ici et maintenant » des slogans maintes fois repris par les différents intervenants au cours des eux événements étaient aussi des signaux forts au régime qui n’aura pourtant ménagé aucune ruse, aucun subterfuge, ni prétexte ou incitation pour dissuader les citoyens de répondre à l’invite "déstabilisatrice" des forces du changement.
Ainsi, des pressions ont été exercées sur les fonctionnaires, les responsables politiques locaux de la majorité, les notabilités tribales et les chefs religieux afin qu’ils ne ménagent rien pour faire capoter les journées du "réveil " de l’opposition. Les structures et services de l’Etat, de la police voire des forces de l’ordre, en passant par d’autres départements, ont été sommés de servir du "fourrage" au peuple.
Les oulémas et autres imams furent, eux aussi conviés à organiser des séances de prêche dans les mosquées après la prière d’Al Açr. Question de retenir les fidèles dans les maisons de culte, le temps que se passe le rassemblement des "troubadours, alliés de Satan et prophètes de la division"!
Malgré tout cela, le verdict n’a pas été tendre. Si nous devrions assister à un référendum ces deux samedis, le désaveu allait être cinglant pour le pouvoir. Nouakchott, sanctuaire de la contestation, berceau du peuple de l’opposition à travers l’histoire de la Mauritanie a renouvelé son sacerdoce.
Et fait marquant, l’écrasante majorité de ceux qui ont crié leur marasme sont des jeunes de toutes les couleurs, de toutes les tranches d’âge et surtout de toutes les couches et classes sociales.
Si l’on devait y traduire leur présence en termes de donnée footballistique, nous aurions dit que la jeunesse de Nouakchott donne un carton jaune au pouvoir. Et le rouge ne tardera pas à être brandi si des mesures urgentes, profondes et sérieuses ne sont pas prises pour décrisper la situation et la débloquer.
Sur le plan du discours, deux interventions ont frappé l’attention de l’assistance. Celle de Ould Hanena, décidément engagé et déterminé à jouer sa partition dans la révolution qui est en train d’être confectionnée sur un feu lent, mais bien entretenu, puis celle de taille qui est celle de Ould Bedridine, qui, a demandé que le locataire du Palais ocre daller au dialogue ou de faire ses baluchons pour « s’en aller pour de bon !"
En tout état de cause, il ne s’agit pas de fermer les yeux et de s’abstenir à ouvrir grands les yeux : le pouvoir doit bien lire le message de la parade des frustrés et en tirer les conséquences avant que les syndromes tunisien et égyptien ne prennent racine chez nous.
Amar Ould Béjà