L'Expression - L'ambassadeur de la mission britannique à l'ONU, Matthew Rycroft, a plaidé pour «une solution politique durable et mutuellement acceptable». La tension est quelque peu retombée suite à l'adoption d'une nouvelle résolution pour le Sahara occidental.
La pression s'intensifie par contre vis-à-vis des autorités marocaines pour qu'elles s'y plient et respectent la légalité internationale.
Cette fois-ci c'est la Grande-Bretagne membre permanent au sein du Conseil de sécurité qui dispose du droit de veto qui donne de la voix. Après l'expulsion des membres de la Minurso par le Maroc, Londres appelle Rabat à corriger le tir.
Le royaume s'est félicité de l'adoption de la résolution 2285 par le Conseil de sécurité après de chaudes tractations qui ont vu la France intervenir pour «assouplir» le projet de loi présenté par les Américains qui appelait au rétablissement urgent de la mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental dont la composante a été décimée suite à l'expulsion de 75 de ses membres sur ordre du souverain marocain.
Dans une déclaration rendue publique hier, par le ministère britannique des Affaires étrangères l'ambassadeur de la mission britannique à l'ONU, Matthew Rycroft, a exhorté le Maroc à «coopérer avec l'ONU à même de permettre le retour effectif et total de la Minurso» et s'est prononcé en faveur d' «une solution politique durable et mutuellement acceptable pour le Sahara occidental, qui prévoit l'autodétermination du peuple du Sahara occidental».
Le gouvernement de David Cameron appuie la position de l'ONU, à cet égard. «La position du Royaume-Uni sur cette question reste la même: le processus des Nations unies continuera d'avoir notre plein appui» a rappelé le diplomate britannique. «Il y va, a-t-il dit, non seulement de la situation des réfugiés du Sahara occidental qui continuent à souffrir de ce conflit prolongé, mais aussi de la sécurité et la prospérité économique de tous les pays et tous les peuples de la région du Maghreb», a fait remarquer Matthew Rycroft qui a relevé que «les événements récents» ont rendu la Minurso «incapable» de remplir son mandat au cours des six dernières semaines.
Il faut rappeler que cette paralysie momentanée de cette mission des Nations unies pour le maintien de la paix est due aux mesures de rétorsions (expulsion de la majorité de sa composante civile et suppression de la contribution financière que lui accordait le Maroc) prises contre elle sur décision de Mohammed VI après que le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies eut qualifié d' «occupation» la présence marocaine au Sahara occidental.
Quel est au juste l'objectif inavoué de cette «saute d'humeur» de l'héritier de Hassan II? «En fait, Ban Ki-moon fait les frais d'une constante dans la démarche de la partie marocaine: gagner du temps, perpétuer le statu quo, épuiser la patience des Sahraouis et la mobilisation de la communauté internationale», explique un haut fonctionnaire algérien dans une interview publiée, hier, sur le site du magazine Afrique Asie.
«Cette déclaration lui a valu d'être traité de tous les noms d'oiseaux, y compris d'être «instrumentalisé» par les ennemis de l'intégrité territoriale marocaine, comme si le statut définitif du Sahara occidental était 'un dossier clos''», a-t-il fait remarquer. «Je tiens à signaler que le terme «occupation» qui offusque tant est repris dans plusieurs résolutions datant d'avant l'arrivée de M.Ban Ki-moon. Je citerai par exemple la Résolution 34/37 (1979) et la Résolution 35/19 (1980) où le Maroc est clairement et expressément identifié comme puissance occupante», a précisé le diplomate algérien.
Mohamed TOUATI