Le pays a multiplié les dépenses d’infrastructures et en a dissimulé le coût. Il est désormais le plus endetté d’Afrique et plonge dans la crise.
Accoudé sur une barrière au bout de l’embarcadère, Henrique Maundzi regarde nonchalamment les passagers monter sur son bateau. Derrière lui s’élève, tout en majesté, un pont, aux gigantesques dimensions, qui enjambe la baie de Maputo, la capitale du Mozambique. Pour le batelier, qui transporte depuis dix ans des centaines de personnes d’une rive à l’autre, ce pont, tout juste inauguré, a tout d’une Némésis : « Le trafic de passagers a baissé de 75 % depuis son ouverture », explique-t-il, alors que son bateau, d’une dizaine de places, se remplit au compte-gouttes. Malgré tout, le quadragénaire ne peut s’empêcher de ressentir une certaine fierté. « Oui, on a moins de gens… Mais c’est ça, le développement. Et ce ne sont pas tous les pays qui ont ça ! », s’exclame-t-il.
Le Monde