La Mauritanie, pays trompeur par ses airs apparents de stabilité et de tranquillité, est en réalité l’un des pays de l’Afrique de l’Ouest les plus bouillonnant de l’intérieur et une poudrière dont retient bien l’explosion un savent mélange de religiosité modérée et d’un pacifisme ancré dans la culture et positivement traduit dans le comportement et les mœurs.
A cette situation particulière, dans le pays des contrastes extrêmes et de l’irrationalité incongrue, plusieurs raisons aussi subjectives qu’objectives défraient toutes chroniques.
Le pays est tombé très tôt, à peine vingt ans passés d’une indépendance hypothétique concédée après sa création à la sauvette, dans la tourmente d’une série de coups d’Etat dont le premier en 1978 est intervenu en pleine guerre insensée du Sahara occidental qui agenouilla un pays à peine désigné comme tel, mais aussi au beau fixe d’une implacable sécheresse.
C’est ce joug de la soldatesque qui va exacerber depuis les frictions des échecs de l’Etat de droit, éveiller les inégalités jamais corrigées et renforcer l’hégémonie du tribalisme dans son expression la plus hideuse et la stratification son corolaire.
Cela va durer jusqu’au moment furtif où par un éclair de démocratie va souffler pour que l’irréductible Colonel Maaouiya Sid’Ahmed Taya va troquer la tenue contre un costume et permis l’émergence d’un multipartisme mal en point.
La valse continuera vingt ans encore pendant lesquels le pays connaitra la résurgence des mêmes problèmes gravissimes de l’incohérence avec l’Etat de droit et qui finiront par avoir raison de lui sans pour autant gagner sur la déraison.
D’autres coups d’Etat dont un sur un régime civil sporadique et faiblard ramèneront au cycle second du troc de la tenue contre le costume. Une nouvelle ère s’enclenche et donne au fil de ses secousses telluriennes une constitution qui limite par un verrouillage sans appel les mandats présidentiels à deux.
Mais les irréductibles de l’hypocrisie politique, allant à contre vent de l’engagement franc et courageux du Président de la République - à ne pas contrarier la constitution et à s’acheminer par la voie du choix du Général Ghazwani vers une Mauritanie calme - jouent la subversion pour ramener le pays à la case de l’incertitude et ou de l’amalgame, et des situations du statu quo ou de l’état de siège politique.
Pour ce faire ces adeptes de l’imbroglio multiplient les initiatives tribales et régionales dans une frénésie voulue, que même l’opposition moribonde et déchirée malgré la dernière affiche d’entente semble cautionner à bien des égards douteux pour certains de ses dirigeants.