L'Américaine Mary Higgins Clark, écrivaine à succès aux cent millions d'exemplaires vendus, est morte à l'âge de 92 ans, a annoncé, vendredi, son éditeur.
La reine du suspense s'en est allée. L'écrivaine américaine Mary Higgins Clark est décédée à l'âge de 92 ans, a annoncé, vendredi 31 janvier, son éditeur, Simon and Schuster.
Après un début de carrière difficile, Mary Higgins Clark, qui écrivait un livre par an, a enchaîné les succès, dont le premier fut "La maison du guet" en 1975. Sa cinquantaine de livres s'est écoulée à quelque cent millions d'exemplaires, dont plus de 80 millions aux États-Unis.
"Elle était unique. Personne n'a jamais été aussi connecté à ses lecteurs : elle les comprenait comme s'ils étaient des membres de sa propre famille.", a déclaré son éditeur de longue date, Michael Korda, dans un communiqué. "Elle savait avec certitude ce qu'ils voulaient lire, et ce qu'ils ne voulaient pas lire. Et pourtant elle réussissait à les surprendre à chaque nouveau livre. C'était la reine du suspense".
Drames familiaux
Née le 24 décembre 1927 à New York, dans le Bronx, Mary Higgins Clark a grandi dans une famille modeste d'origine irlandaise. Le virus de l'écriture, Mary Theresa Eleanor Higgins Clark dit l'avoir attrapé à l'âge de 7 ans, les Irlandais étant souvent "des conteurs-nés".
Une crise cardiaque emporte son père lorsqu'elle a 10 ans et sa mère, se retrouvant seule avec trois enfants, est contrainte de partager sa maison avec des locataires. Ces drames familiaux la convaincront que le pire peut toujours arriver, et c'est ce moment où tout bascule qu'elle aime décrire dans ses livres.
Mais bien avant d'embrasser une carrière d'écrivain, Mary travaille très jeune, comme standardiste dans un hôtel puis dactylo avant de se marier, à 20 ans, et de devenir hôtesse de l'air pour la Pan Am.
Pour élever ses enfants, elle cessera de parcourir le monde, mais continuera à écrire, dans sa cuisine de 5 à 7 heures du matin, avant l'heure de l'école.
Alors qu'elle n'a que 35 ans, son mari meurt brusquement d'une crise cardiaque, la laissant veuve avec cinq enfants à charge.
Elle redevient dactylo, mais rêve toujours de vivre de son écriture. Après des nouvelles, des feuilletons pour la radio, une biographie de George Washington, publiée mais sans succès, elle se lance dans le roman policier.
Millionnaire, traduite en 35 langues
En 1975, "La maison du guet" est un succès dès sa parution. Deux ans plus tard, "La nuit du renard" (1977) fait d'elle une millionnaire, incitant son éditeur français, Albin Michel, à créer la collection "Spécial Suspense".
Mary est enfin une romancière populaire reconnue. Pour rattraper le temps perdu de ces années à exercer des emplois alimentaires, elle s'inscrit à l'université de Fordham, à New York, où elle obtient une licence en philosophie, son premier diplôme universitaire, à l'âge de 50 ans.
En l'an 2000, Mary surprend en publiant "Trois jours avant Noël", un polar co-signé avec sa fille Carol. Mère et fille en publieront quatre autres.
Traduits en 35 langues, nombre de ses romans policiers ont été adaptés pour la télévision ou le cinéma, comme "La nuit du renard" ("A Stranger is Watching", Sean S. Cunningham, 1982), "La maison du guet" ("Where are The Childen", Bruce Malmuth, 1986), ou encore "Nous n'irons plus au bois" ("All around The Town", Paolo Barzman, 2002).
Dans ses mémoires, "Entre hier et demain", publiés en 2003, celle qui, depuis 1996, était l'épouse de l'influent homme d'affaires John Conheeney, assurait qu'elle écrirait jusqu'à sa mort. Si "gagner à la loterie, rend heureux un an", disait-elle, "faire ce que l'on aime rend heureux toute une vie".
Avec AFP