Mauritanie, personne pour défendre Mohamed Ould Abdel Aziz
Mondafrique - Cheikh Sidya, corrrespondant du site marocain « 360 » à Nouakchot, note que l’ancien président Mohamed ould Abdel Aziz, accusé «de fraude à l’électricité» pour un montant de 440.000 dollars, fait l’unanimité contre lui, même au sein de son ancien parti.
En Afrique ceux qui perdent le pouvoir doivent toujours s’attendre à un retour de bâton. Un danger particulièrement pressant dans les cas où ces anciens chefs d’Etat continuent à nourrir des ambitions, ou simplement quelques velléités politiques.
Mohamed ould Abdel Aziz, ancien président mauritanien et homme fort de Nouakchott du 6 août 2008 au 1er août 2019, expérimente cette triste réalité à ses dépens.
Fait inédit dans la retraite d’un ancien chef d’Etat, ici et ailleurs, Mohamed ould Abdel Aziz est accusé aujourd’hui «de fraude à l’électricité» par la Société mauritanienne d’électricité (SOMELEC, entreprise publique) pour un montant de plus de 162 millions d’anciennes ouguiyas, soit près de 440.000 dollars, pour le branchement de plusieurs résidences secondaires à Nouakchott et dans l’Inchiri (nord), sa région d’origine.
L’ancien homme fort du pays bénéficierait de branchements frauduleux pour certains de ses domiciles, alors que sa ferme et son usine de décorticage du riz auraient bénéficié d’un branchement illégal direct sur le réseau de haute tension sans le moindre compteur.
Ainsi, selon les diverses sources, l’ancien président ne payait l’électricité ni pour ses maisons ni pour ses sites commerciaux.
Le retournement du parti au pouvoir
Réagissant à cette nouvelle sur les réseaux sociaux, maître Sidi Mohamed ould Maham, ancien porte-parole du gouvernement et ex-président de l’Union pour la République (UPR-principal parti de la majorité), allié de la première heure de Mohamed ould Abdel Aziz, interpelle ce dernier.
«Surpris» par les documents divulgués par la SOMELEC, il demande au président Mohamed ould Abdel Aziz de réagir par à ces allégations, notamment de traîner en justice les présumés auteurs dans le cas ou celles-ci seraient fausses.
«Nous avons du mal à croire que nous avons suivi pendant plus d’une décennie un homme capable des pratiques incriminées, un éplucheur de riz, un traiteur de poissons, un négociant dans quelque domaine que ce soit…. Nous ne pouvons admettre l’idée d’un gouvernement prônant des slogans de lutte contre la corruption et pour la préservation des deniers publics, alors que tout cela relevait d’un camouflage machiavélique de la part de notre leader».
Pour sa part, le Pr Gourmo Abdoul Lô, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP-opposition), avocat, engage le débat avec les spécialistes qui rappellent qu’en Mauritanie «le président de la République est pénalement irresponsable et ne peut faire l’objet de poursuites que dans les cas de haute trahison» (article 93 de la constitution).
«Escamoter ou minorer les factures, installer des dispositifs de captage gratis de courant pour des dizaines d’installations, bâtiments, demeures, parcelles… constituent-ils des actes accomplis dans l’exercice des fonctions d’un président de la République?».
Par La rédaction de Mondafrique