Algérie: nouveau procès pour corruption de l'ère Bouteflika
Le Figaro - L'homme d'affaires algérien Ali Haddad, ancien omnipotent patron des patrons lié à l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, est revenu dimanche devant la justice à Alger lors d'un nouveau procès pour corruption.
Plusieurs anciens hauts dirigeants sont également poursuivis dans cette même affaire, dont deux ex-Premiers ministres de Bouteflika -Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal- ainsi que d'anciens ministres. Mais le procès a été suspendu dans l'après-midi à la suite du décès soudain du frère et avocat de Ahmed Ouyahia, Me Laifa Ouyahia, qui a succombé à un malaise cardiaque après l'audience de la matinée, selon des avocats de la défense.
Ahmed Ouyahia a été autorisé à assister aux obsèques de son frère. Le procès reprendra mardi, selon des médias locaux.
Ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, incarcéré depuis mars 2019, est poursuivi pour «obtention de privilèges, d'avantages et de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d'intérêts et corruption dans la conclusion de marchés publics».
Considéré comme l'un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de Abdelaziz Bouteflika, il a avait été condamné en appel fin mars à quatre ans de prison à l'issue d'un autre procès pour corruption. Également accusés dans ce procès, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal avaient écopé respectivement de 15 et 12 ans de prison.
Fondateur et PDG d'ETRHB, première entreprise privée du BTP en Algérie et attributaire de gigantesques contrats publics, Ali Haddad est vu comme un symbole des liens troubles entre certains milieux d'affaires et l'entourage de Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril 2019, après 20 ans au pouvoir, par un mouvement de contestation inédit.
Président du FCE de 2014 à mars 2019, Ali Haddad a été arrêté à un poste-frontière avec la Tunisie en possession de deux passeports. Il a été condamné en juin 2019 à six mois de prison pour détention illégale des deux documents de voyage.
Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après la chute de Bouteflika ont conduit à une série de procès.
Jeudi, la justice a requis de lourdes peines de prison à l'encontre d'un patron du secteur automobile et d'anciens hauts responsables politiques jugés pour des malversations touchant ce secteur.
Le parquet a réclamé 15 ans de prison ferme contre Mourad Oumli, PDG du groupe automobile Sovac, distributeur des véhicules Volkswagen et partenaire du géant allemand dans une usine d'assemblage en Algérie. Il a demandé la même peine pour Ahmed Ouyahia, également accusé dans ce scandale, et 20 ans de prison ferme par contumace contre l'ex-ministre de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb, en fuite. Le verdict est attendu mercredi.
Par Le Figaro avec AFP