Essahraa - "Depuis l'Espagne, nous ne nous laisserons jamais de répéter que votre sécurité est notre sécurité", a affirmé le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez Castejon, dans un importtant discours prononcé à l'occasion de la tenue du sommet du G5 Sahel dans la capitale mauritanienne le 30 juin dernier. et d'ajouter : ".
C'est la sécurité de tous. C'est pour cette raison que l'Espagne s'est engagée et continuera d'être attachée à la paix, à la sécurité et au développement au Sahel. Vous pouvez compter sur nous".
Ci-après l’intégralité de cette intervention :
Excellences, chers collègues,
C'est un honneur pour moi de pouvoir participer en tant que Président du Gouvernement espagnol à ce Sommet sur le Sahel. Un Sommet essentiel, car la situation exige de nous tous le plus haut degré d’engagement et de coordination possible.
Je tiens particulièrement à remercier le Président Ghazouani pour son invitation à être à Nouakchott aujourd'hui. La Mauritanie est un pays ami et une référence dans la région pour l'Espagne, par de multiples raisons: par notre proximité géographique, par l'excellence de notre coopération dans de nombreux domaines, ainsi que par sa stabilité et sa force institutionnelle, qui lui ont permis de mener à bien un transfert démocratique du pouvoir et affronter efficacement le terrorisme.
L'Espagne, pays européen le plus proche du Sahel, ne pouvait pas manquer cet événement. En février dernier, aux Iles Canaries, nous avons souffert directement, comme nos amis sahéliens, l'Harmatan du désert. Ce vent froid et sec qui nous rappelle que rien de ce qui se passe au Sahel ne peut être étranger à mon pays. En réalité, rien de ce qui se passe au Sahel ne peut être étranger à un pays européen.
Ce que nous risquons au Sahel, et c'est de cela dont nous parlons ici aujourd'hui, c'est la sécurité de tous nos citoyens, qu'ils soient au nord ou au sud de la Méditerranée. Et même au-delà, car le risque de propagation de cette menace aux pays du Golfe de Guinée est de plus en plus réel.
Dans ce combat, notre priorité doit être de soutenir ceux qui souffrent directement la barbarie terroriste en ce moment: les citoyens et les institutions de nos pays amis du Sahel.
Une fois de plus, toute ma solidarité, et celle du peuple espagnol, vont aux familles des victimes que le conflit provoque dans leur pays. L'Espagne connaît très bien ce que c'est de subir ce fléau. Le 11 mars dernier, anniversaire du massacre de Madrid au cours duquel 194 personnes de 18 nationalités différentes sont décédées, nous avons commémoré en Europe la Journée des Victimes du Terrorisme.
Je veux dire à vos concitoyens et à vous tous aujourd'hui que vous n'êtes pas seuls. Que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à surmonter cette terreur fanatique et criminelle qui fait des victimes innocentes.
Une terreur qui, au Sahel, a été indifférente à la propagation mondiale de la pandémie de la COVID-19, et qui ajoute un nouveau facteur de déstabilisation dans la région, amplifiant la vulnérabilité économique et poussant à la limite la résilience des sociétés.
Au milieu de cette crise sanitaire, les groupes terroristes ont intensifié leurs attaques aveugles contre les forces armées et contre des civils sans défense, essayant d'exploiter la situation dramatique et les souffrances de la population en leur faveur.
Ce n'est que si nous agissons ensemble que nous pouvons gagner. Ce n'est que par un multilatéralisme efficace que nous pourrons restaurer la paix, la sécurité et la liberté au Sahel.
Dans ce sens, les instruments mis en œuvre restent fondamentaux, comme l'Opération française Barkhane, la Mission Multidimensionnelle Intégrale des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali, la MINUSMA ou la Force Conjointe du G5 Sahel.
Et je crois que, d'une coordination efficace, nos actions pourront donner les résultats souhaités. Pour cette raison, l'Espagne est également fermement impliquée dans le développement et la consolidation de la Coalition Sahel, et dans ce cadre, nous sommes prêts à redoubler nos efforts.
Chers collègues,
Comme je l'ai déjà souligné, nos ennemis visent à pousser le conflit aussi loin qu'ils le peuvent; c'est-à-dire, pour autant que nous les laissions. Il est donc impératif que l'État soit à nouveau présent dans tous les zones où il est désormais faible. L'État doit être uni pour être plus fort. Il doit le faire pour remplir sa première tâche, qui est de protéger ses citoyens.
Et aussi pour mettre fin au lien entre le terrorisme et le crime organisé qui est entretenu par la traite transfrontalière des êtres humains, et dans l'éradication duquel les forces de police et de gendarmerie jouent un rôle central.
En ce sens, je tiens à remercier nos partenaires et amis du G5 Sahel pour tous les efforts qu'ils déploient pour contribuer à un contrôle et une gestion de plus en plus efficaces des flux migratoires en tant que pays de transit. Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour que le phénomène migratoire soit exempt de mafias qui jouent et trafiquent avec la vie d’êtres humains.
Parce que la tâche imposée par cette crise ne peut être abordée qu’à partir de la perspective stricte de la sécurité, mais il est également essentiel de proposer des réponses efficaces aux problèmes sociaux et économiques qui affligent les pays du Sahel. Ces problèmes augmentent les tensions intercommunautaires, utilisées par les extrémistes pour imposer et donc opprimer.
Le moment est venu de cesser d'être réactif, comme cela s'est produit jusqu'à présent, et de devenir préventif, en particulier dans les pays au-delà de la frontière sud du Sahel. La crise ne peut plus être considérée comme une question strictement sahélienne.
Si les membres de la communauté internationale veulent faire avancer dans la solution, nous devons également travailler en étroite collaboration avec des pays tels que le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana ou le Nigéria, et prendre en considération le potentiel d'organisations telles que la CEDEAO. Plus la menace des radicaux se propage, plus ils deviendront forts, plus il sera difficile de les arrêter et plus nous aurons à allouer de ressources financières et humaines pour les combattre.
Enfin, permettez-moi de réitérer que, comment pourrait-il en être autrement, l’Espagne est prête à rester engagée avec le Sahel, voire à redoubler ses efforts dans les domaines où nous sommes déjà présents. Ainsi, au sein de l'Union européenne en tant que premier contribuable de l'EUTM Mali, mission dans laquelle nous sommes disposés à accroître notre présence, ou à diriger le Projet GAR-SI Sahel de la Garde Civile, pour renforcer les capacités des Gendarmeries des pays du G5 et du Sénégal, ou soutenir Barkhane et la MINUSMA avec nos avions à Dakar.
Également à travers notre coopération au développement, avec un engagement financier pour le Sahel qui s'élève à plus de 100 millions d'euros, et en tant que membre actif de l'Alliance Sahel, dont nous venons d'assumer la présidence de l'Assemblée Générale.
Ce faisant, nous espérons pouvoir contribuer à ramener la sécurité et la paix aux populations du Sahel.
Excellences, chers collègues,
Depuis l'Espagne, nous ne nous laisserons jamais de répéter que votre sécurité est notre sécurité. C'est la sécurité de tous. C'est pour cette raison que l'Espagne s'est engagée et continuera d'être attachée à la paix, à la sécurité et au développement au Sahel. Vous pouvez compter sur nous.