Scandale à la BCM, une institution victime du laxisme sécuritaire de l’Etat

jeu, 09/07/2020 - 10:02

 

L'Authentique - La déliquescence de l’institution gardienne de la souveraineté monétaire nationale, en l’occurrence la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), est intimement liée à la dé-sécurisation des institutions de l’Etat.

En remplaçant la gendarmerie et la garde nationale par des vieux retraités de sociétés de sécurité privée, l’Etat a dénudé ses institutions, les livrant aux pilleurs et aux délinquants en col blanc. Que peut-on s’attendre quant l’Etat décide de confier la sécurité de ses institutions de souveraineté, comme la radio et la télévision nationale, le Trésor public, la BCM, entre autres, à de vieux gardiens retraités, alors que l’usage veut que la sécurité des symboles de la souveraineté de l’Etat soit toujours assurée par la gendarmerie ou la garde nationale.

En plus de leur capacité militaire à défendre ses institutions, ses deux corps de défense sont également rompus dans le domaine du renseignement, ne serait-ce qu’à travers des Bordereaux de renseignement quotidien sur les activités qui se déroulent de jour comme de nuit dans la banque, avec heure, nom et prénom, grade et fonction des agents ou responsables qui entrent et sortent de la banque, notamment pendant les heures hors services.

En effet, le scandale qui vient d’éclater à la BCM, avec ce double crime de détournement et d’introduction de fausses monnaies en dollars portant sur 2, 4 millions de dollars, soit l’équivalent d’environ 800 Millions d’ouguiyas, révèle les grandes failles dues essentiellement à la faille sécuritaire et au manque de rapports quotidiens sur les déplacements des responsables de la banque qui viennent à toute heure de la nuit, pour s’introduire en toute impunité dans l’institution.

Au cœur de l’affaire de la BCM se trouverait une caissière par qui le scandale serait arrivé. Pour le moment, seule l’enquête en cours, pourrait déterminer les responsabilités et les défaillances techniques au niveau des services de contrôle interne de la banque.

D’ores et déjà, certains observateurs estiment qu’une telle opération qui s’est déroulée sur plusieurs années n’aurait pas pu se passer sans des complicités à haut niveau à l’intérieur de la BCM, ajoutés aux faussaires extérieurs à l’institution qui ont fourni la fausse monnaie en dollars.

Dans ce cadre, le lien a été vite établi par certains analystes entre ces fausses monnaies retrouvées à la BCM et le Ghana Gate, cette escroquerie portant sur des faux dollars et où est mêlée l’ancien président Mohamed Abdel Aziz.

Cette affaire qui a révélé l’introduction d’une grande quantité de faux billets de dollars (certains parlent de 400.000 dollars) aurait « attiré l’attention des services secrets américains qui luttent contre la contrefaçon du dollar américain dans le monde ».

C.A