Les prix du bois flambent en Amérique du Nor
La flambée des prix du bois ne profite pas tant que cela aux sociétés forestières nord-américaines. Getty Images/Photographer's Choice/Christian Adams
Par :Claire FagesSuivre
Le prix du bois sur le marché à terme de Chicago est à son plus haut niveau de tous les temps. La demande de bois de construction est très forte aux États-Unis, alors que les scieries peinent à fournir. Le coronavirus est encore en cause.
Le bois est la matière première qui aura le plus profité du coronavirus cette année. Le prix du millier de pieds-planche, l’équivalent de 2,36 mètres cubes, a plus que doublé depuis janvier à la bourse de Chicago. Il dépasse les 800 dollars, un record absolu.
Beaucoup d’Américains, maintenus chez eux pendant l’épidémie de Covid-19, se sont mis à rénover leur maison, leur terrasse, leur clôture. Sachant que les habitations sont majoritairement en bois aux États-Unis, la demande de planches, en particulier de résineux, s’est brutalement accrue, alors que les scieries n’avaient pas anticipé cet essor. Elles s’étaient mises en maintenance et vivaient sur leurs stocks. Ensuite, les usines ont manqué de main-d’œuvre à cause du coronavirus.
Manque de main-d’œuvre dans les scieries
Aujourd’hui, alors que le boom de la construction se poursuit malgré la récession aux États-Unis, du jamais-vu - mais il faut dire que les taux d’intérêt sont très faibles -, les scieries n’arrivent pas à fournir, parce que seule une moitié des salariés a repris le travail avec la mise en place des mesures de distanciation physique.
Cette flambée des prix du bois ne profite pas tant que cela aux sociétés forestières nord-américaines. Même si leur action en bourse a bondi, le bois de construction ne représente qu’un cinquième de leurs débouchés. Le reste du bois coupé est destiné aux usines de pâte à papier qui vont très mal, à cause de l’effondrement du marché de la publicité papier.
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Les fournisseurs écrivent à Donald Trump
Quant aux fournisseurs de matériaux de construction aux États-Unis, ils se plaignent de cette inflation des sciages. Ils viennent d’écrire une lettre au président américain pour qu’il renonce à la taxe de 20 % imposée il y a deux ans sur les résineux importés du Canada. Donald Trump affirmait que ce bois bénéficiait de subventions de la part d’Ottawa, un argument que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a rejeté à la fin du mois dernier.
En attendant, les exportateurs de bois d’Europe et de Russie profitent de l’appel d’air du marché américain. Ils s’étaient plutôt tournés vers l’Asie depuis quelques années.