Portrait: Joe Biden, l’endormi qui rêvait de réveiller les Etats-Unis

sam, 07/11/2020 - 20:06

 

Après quatre jours de suspense, Joe Biden, le candidat démocrate  a été donné vainqueur avec au minimum 273 grands électeurs, grâce à un succès dans l’Etat-clé de Pennsylvanie, selon les grands médias américains dont CNN et le New York Times. En battant Donald Trump, il va devenir le 46e président des Etats-Unis, le 20 janvier 2020. L’élection de l’ancien vice-président de Barack Obama va ouvrir une période d’espoir aux Etats-Unis. Décrit par son prédécesseur comme « endormi », il va présider un pays qui a besoin d’éveil pour face aux défis locaux (racisme, chômage, santé) et sur le plan international (Traité de Paris sur l’environnement, la guerre économique contre la Chine, Corée du Nord, entre autres). Retour sur un parcours singulier. 

Caricaturé par Donald Trump comme « Joe, l’endormi », Biden est plus réveillé que jamais en devant le président de la première puissance du monde : « Je suis honoré d’être choisi comme président des Etats-Unis », a-t-il, juste, tweeté après l’annonce de sa victoire par des médias américains. D’endormi, il devient une force tranquille bien que sa vie ne fut pas toujours un long fleuve tranquille. Né dans une famille sans histoire avec un père vendeur de voitures, le jeune Joe a dû combattre ferme, pour atteindre ses objectifs. Homme de défis, il a toujours su persévérer pour arriver à ses fins.

Joseph Robinette Biden Jr. est né le 20 novembre 1942 à Scranton, en Pennsylvanie. Mais, avant d’être politique, son histoire est tout d’abord celle d’une tragédie familiale. Juste avant Noël 1972, sa femme et sa fille de 13 mois sont tuées, dans un accident de voiture, percutées par un chauffard ivre. Ses deux fils sont grièvement blessés. Il les élève seul.  Il se remarie en 1977 à Jill Jacobs. Joe Biden n’en avait pas terminé avec les déboires : le 30 mai 2015, il perdait son fils aîné, Beau, emporté par un cancer du cerveau.

Sur le plan politique, Biden a été réélu au Sénat à six reprises, jusqu’à céder son poste en accédant à la vice-présidence en 2008. Le 5 janvier 1973,  à seulement 30 ans, il est élu pour la première fois à la chambre haute du Congrès sans discontinuer, jusqu’en 2008. C’est ainsi que commence l’histoire politique de l’homme qui aspirera plus tard à occuper la fonction de président de la première puissance mondiale. À 77 ans, (il en aura 78 le 20 novembre), l’homme jouit d’une expérience sûre pour avoir siégé 36 ans durant à la chambre haute du Congrès américain, puis mené un double mandat de vice-Président, dans l’ombre de Obama (2008–2017). Quand Barack Obama a choisi son colistier, en 2008, il n’a pas opté pour un homme qui, comme lui, devait changer le cours de l’histoire.  Biden avait plusieurs décennies d’expérience comme sénateur, en particulier dans le domaine de la politique étrangère, ce qui manquait à Obama.  En 2020, Joe Biden était bien décidé à saisir sa chance, en étant pour la première fois investi candidat de son parti.

La diplomatie, son affaire

Le désormais 46ème président des Etats-Unis est un diplomate chevronné. En 1975, il rejoint la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat, ce qui lui permet de voyager en Iran ou en URSS. Sous Barack Obama, c’est lui qui est chargé de défendre la politique américaine au cours de nombreux déplacements où il rencontre des chefs d’État et de gouvernement du monde entier.

Dans sa biographie de Joe Biden, la journaliste Sonia Dridi explique notamment que, dès 2008, «il veut limiter l’engagement de l’armée américaine en Afghanistan. Au bout du compte, sous l’impulsion d’Hillary Clinton, contre l’avis de Joe Biden, Obama autorise l’envoi de 30 000 soldats supplémentaires.»  Selon elle, «plusieurs sources prétendent que Joe Biden a conseillé au président Obama de ne pas donner son feu vert sur le raid qui a abouti à la mort d’Oussama Ben Laden. Trop risqué, selon lui.» Un fait confirmé par Hillary Clinton dans ses mémoires. L’administration Biden suivra-t-elle la prudence de son maître ? La pandémie de coronavirus et la mort de l’Afro-Américain George Floyd durant une intervention policière ont servi les desseins de l’ancien vice-président. Donald Trump fut en effet très critiqué pour la gestion de ces crises. D’autre part, mi-août, Joe Biden a choisi Kamala Harris comme colistière. La sénatrice de 55 ans est ainsi devenue la première femme noire sur un ticket présidentiel dans l’histoire des Etats-Unis et donc désormais la première à être vice-présidente des Etats-Unis d’Amérique. MD et OB