L’ONG ID : Ouvrir le marché du travail aux jeunes vulnérables (Horizons)

lun, 28/12/2020 - 01:13

 

Initiatives News - L’emploi des jeunes occupe une place centrale dans la politique actuelle des autorités mauritaniennes. La société civile, également, participe activement à la lutte contre le chômage des jeunes.

C’est ainsi que l’ONG Initiative pour le développement, depuis une quinzaine d’années, se bat pour ouvrir le monde du travail aux catégories sociales défavorisées. Avec l’appui de la FLM, l’ONG ID exécutera une stratégie portant plaidoyer pour l’employabilité des jeunes.

ID mènera ce plaidoyer en collaboration avec d’autres organisations dont « NAHDA (PH), Associations Mauritanienne pour le Regroupement des Femmes Handicapées (AMRFH), Union des Coopératives Féminines de Dar El Beida (UNICOFEM), Barakah.

Le but de ce plaidoyer est « Accès a l’emploi décent de Tous les jeunes demandeurs, y compris ceux en situation d’handicap garçons et filles en fonction de leur niveau de qualification. » Il est également question « d’Augmenter le nombre de bénéficiaires des programmes nationaux d’emplois au niveau des communes visées par le plaidoyer. »

Impact quantifiable prévu : « Financer 200 projets jeunes (50 projets par commune) d’ici 2023. 2000 jeunes sortants des centres de formation professionnelle ont accès à des opportunités d’emplois (emplois, et auto emplois). Financement de 8 projets associatifs sont finances. 1200 jeunes bénéficiaires des formations professionnelles différents domaines. »

Le plaidoyer ira dans le sens « de L’orientation générale du gouvernement qui réserve une grande place à l’emploi des jeunes à travers la stratégie nationale de l’emploi 2015-2030.»

Données statistiques

La stratégie s’appuiera sur des données statistiques. « La population mauritanienne se caractérise par sa jeunesse avec plus de la moitié de la population qui est âgée de moins de 20 ans. La population potentiellement active, composée des personnes âgées de 14-64 ans, représente 45,9% et 54,5% de la population masculine et féminine (respectivement) ; cependant, elle reste fortement concentrée à Nouakchott avec 28,5% de la population totale et près de 2/3 de la main d’œuvre urbaine.

Par ailleurs, la population en âge de travailler représente 52,7% de la population globale. Cette population est majoritairement jeune avec plus de 61,4% âgés de moins de 35 ans. Cette population en âge de travailler est composée majoritairement de femmes (57,5%) ;

L’on note également que la proportion de la population en emploi représente 37% de la population en âge de travailler en 2017.

Quel que soit le sexe, les personnes en emploi sont majoritairement âgées entre 25 et 49 ans qui représentent 63,3% des personnes en âge de travailler ; la population en chômage est majoritairement jeune : 34,6% de chômeurs sont âgés de moins de 24 ans.

Selon la répartition spatiale, 73,2% des chômeurs résident en milieu urbain ; la population hors de la main d’œuvre représente 58,5% de la population en âge de travailler. Cependant, plus deux tiers (70,6%) de cette population sont composées de femmes.

Quant aux jeunes de 14-35 ans, ils représentent environ 61,4% de la population active. Une proportion relativement importante (44,2%) de ces jeunes ne sont ni dans le système éducatif ni dans l’emploi ni en situation de formation professionnelle (NEET) et constituent la cible favorite des recruteurs de l’extrémisme violent et de la radicalisation.

Selon le même document, le chômage touche plus les femmes que les hommes, avec des taux respectifs de 13,3% et de 10,9% mais il demeure une problématique de la jeunesse où plus d’un jeune de moins de 25 ans sur cinq est au chômage, inégalement réparti. En effet, le taux de chômage est de 14,9% en milieu urbain contre 7,6% en rural.

Cette tendance s’explique par l’Inadéquation entre l’offre formée et qualifiée et la demande dans les centres urbains : Il ressort, en effet, des différentes enquêtes sur l’emploi, que le taux de chômage s’accentue avec le niveau d’éducation surtout en milieu urbain : pour les personnes ayant suivi une formation générale, le chômage touche 20,2% des femmes/filles et 15,4% des hommes ;

La grande catégorie des jeunes qui subissent le chômage sont les NEET (Not in Education, Employment or Training), généralement âgés entre 14 et 35 ans, n’étant ni dans le système éducatif, ni dans l’emploi ni en situation de formation constituent le défi réel de l’emploi. En effet, ils représentent environ 61,4% de la population active.

Depuis quelques années, les états sahéliens, particulièrement L’Etat mauritanien, prennent de plus en plus conscience de l’existence de cette frange de la population d’autant qu’avec le développement des mouvements de l’extrémisme violent et de la radicalisation vont recruter dans ce vivier dormant et oisif les éléments à enrôler pour les faire basculer dans l’intolerance.

L’Etat mauritanien a même initié des actions concrètes allant dans le sens de contrer l’extrémisme violent par une meilleure insertion des jeunes dans le tissu productif, en prônant (i) le développement de filières professionnelles accessibles aux jeunes hors du système scolaire ; (ii) la promotion de l’auto-emploi en mettant en place des financements à court et moyen termes ; (iii) l’accompagnement des jeunes, notamment les femmes dans l’entreprenariat. »

Les enjeux sont donc clairs et se résument ainsi : «faire preuve de plus d’équité et d’inclusion dans les politiques par la prise en charge d’une frange de la population doublement impactée par les crises : jeunes sans qualification ni formations laissés à la merci des réseaux de bandits et d’idéologies extrémistes. C’est à ce prix que l’extrémisme violent sera vaincu à la racine par des actions essentiellement citoyennes. »

Les cibles de ce plaidoyer, seront : le patronat, le gouvernement, les institutions et ONG internationales, les projets et programmes nationaux…

L’ONG ID, à travers son centre vocationnel des jeunes, travaille activement à la formation des catégories vulnérables, notamment les handicapés. Il leur offre des formations mécaniques, menuiserie, cordonnerie, coiffure, couture…

De 2016 à 2018, le centre a délivré 281 diplômes dont 107 pour des filles. « Le développement personnel, la sensibilisation des personnes sur leurs droits et devoirs, l’initiation à la création d’entreprise, constituent les axes stratégiques du centre pour une meilleures insertion des personnes formées. »

Emploi décent

« Nous travaillons pour réduire la transmission générationnelle de la pauvreté » déclare Bassila Kissima Tandia, responsable de l’ONG ID. c’est pourquoi, il est mis en avant « le soutien des jeunes issus de milieux économiquement faibles pour qu’ils profitent des nombreuses opportunités d’emplois dans l’agriculture, notamment le maraichage urbain, l’économie verte, le bâtiment…

ID entend aussi, par l’emploi, « élargir la surface de la classe moyenne pour réduire la pauvreté et contribuer à la paix sociale. » Nous travaillons, dit Monsieur Tandia, « pour plus d’effectivité des droits humains par le canal de l’emploi décent. »

Khalilou Diagana

Quotidien national Horizons