Agence Ecofin - Bien que le développement de la province gazière de Grand Tortue a été retardé à cause de la pandémie du coronavirus, la production y démarrera dans deux ans. Ce délai aurait pu être plus long, mais l’engagement des parties prenantes a joué un rôle clé dans l’établissement de cet agenda.
L’année dernière, l’apparition du coronavirus a gravement affecté la poursuite des travaux de développement des projets pétrogaziers ainsi que les finances des entreprises du secteur. L’impact de la pandémie est tel que même si l’industrie table sur une légère reprise en 2021, certains projets d’exploration et de production ne devraient pas démarrer comme prévu cette année.
Malgré ce contexte délicat, la nouvelle ministre sénégalaise du Pétrole, Sophie Gladima (photo) a assuré que le début de la production de gaz naturel sur le champ Grand Tortue, situé à cheval sur les eaux maritimes sénégalo-mauritaniennes, commencera en 2023.
« De nombreuses activités liées au développement, telles que la mobilisation des ressources et des personnes, les phases de construction sur différents sites à travers le monde et les installations ont été touchées […]. Le Sénégal se concentre sur le développement de ses projets pétroliers pour atteindre son objectif de commencer la production à partir de 2023 », a-t-elle affirmé.
Lors de la phase initiale du projet, BP et Kosmos Energy extrairont 70 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour et produiront 2,5 millions de tonnes de GNL par an. Les recettes issues de l’exportation de ces combustibles seront partagées à parts égales entre les deux pays voisins.
Si une grande partie de cette production sera exportée, le Sénégal prévoit de se servir de sa part de gaz pour produire de l’énergie. Le pays injectera le combustible dans ses réseaux de production électrique, notamment via le mécanisme LNG-to-Powership, qui consiste à produire de l’électricité sur une centrale flottante avec du GNL.
Un accord a été signé en septembre 2019 entre Dakar et le producteur turc Karpower pour installer l’infrastructure qui sera dotée d’une capacité de 235 MW, de quoi satisfaire 15 % de la demande du pays. Cette capacité sera ensuite injectée dans les réseaux de distribution contrôlés par la Senelec, la société publique concessionnaire de la production, du transport et de la distribution du courant.
Ce sera surtout le premier projet africain de production d’électricité à partir du GNL.
Par ailleurs, Sophie Gladima a rassuré les Sénégalais que les recettes gazières seront utilisées pour « construire une économie connectée et compétitive grâce à la réduction des coûts de l’électricité, au développement du Contenu local et à l’industrialisation ».
Le premier projet pétrolier du pays dénommé Sangomar devrait aussi entrer en production en 2023, avec un plateau initial de production qui sera compris dans la fourchette 75 000 à 100 000 barils par jour.
Pour rappel, le développement de la phase initiale de Grand Tortue nécessitera des investissements de 4,8 milliards de dollars, tandis que celui de Sangomar requerra 4,2 milliards de dollars dont 18 % seront déboursés par l’Etat sénégalais.
Olivier de Souza