Mauritanie : des haltes providentielles construites pour les éleveurs, convoyeurs et animaux
L'Authentique - Près d’Aghchorguitt, le Projet d’Appui au Pastoralisme au Sahel-Mauritanie (PRAPS-MR) a financé la construction et l’aménagement, de locaux flambant neufs pour les animaux convoyés.
Le Projet a aussi pris en charge le financement d’un hangar de 120 mètres carrés pour servir de gîte de repos et d’abris pour les éleveurs, les propriétaires d’animaux et autres convoyeurs de bétail en transit.Fonctionnel depuis avril 2019, l’aire de repos de la zone « Robinet » s’étend sur une surface totale d’environ 400 mètres carrés. Elle comprend, en plus d’une salle de conservation d’intrants, une rampe d’embarquement et de débarquement des animaux, un forage fonctionnant à l’énergie solaire et six abreuvoirs.
Cet espace, ouvert et aménagé, est devenu un point de convergence de nombreux éleveurs et convoyeurs d’animaux venus de plusieurs coins du pays.
Mohamed Ould Abidine, le vieil éleveur de Tayef
« Je viens de la localité de Tayef, et je convoie 206 têtes de moutons vers Nouakchott […] et l’aire de repos de Robine, c’est une providence. » explique Mohamed Ould Abidine, 70 ans, et propriétaire d’animaux. Il ajoute : « De l’eau, des pâturages, des locaux où nous reposer et reprendre des forces avant l’étape finale. Mes animaux arriveront à Nouakchott dans des conditions qui me permettront de les vendre à bon prix ».
Se rappelant du passé, il déclare que cet espace était désert du point de vue des infrastructures. Il n’y avait pas de rampes, ni de point d’eau, ou de locaux où s’abriter durant les fortes intempéries. Le septuagénaire, originaire du Chargh mauritanien, et qui est encore tenace comme l’arbuste du désert, tient bon sa pratique d’élevage. Malgré son âge avancé et une stature physique diminuée, il arrive encore à supporter la pénibilité des longs voyages.
Pour lui, se reposer à l’aire de repos de Robine est « une tradition voire un passage obligé ». Et de renchérir : « Le voyage direct sur Nouakchott est long et fatiguant. Il a un impact négatif sur nous et les animaux, mais heureusement, l’aire de repos de Robine est là pour nous soulager ».
Mohamed Moustapha Ould Babe, gérant de l’aire de repos de Robine
Originaire d’Aghchorguitt, la quarantaine environ, Moustapha Ould Bah, est le gérant de l’aire de repos de Robine, depuis avril 2019.
Le comité de gestion de l’infrastructure l’a désigné pour gérer l’aire de repos. Auparavant, il avait travaillé pendant une trentaine d’années comme gérant d’un forage mais qui n’est plus fonctionnel. « J’aime mon métier. Je viens ici le matin, et je reste là jusqu’à 15 heures et je rentre.
Pendant les périodes de fête, je travaille davantage pour servir les éleveurs de passage. Je leur ouvre les robinets et les bâtiments de repos, pendant que leurs animaux broutent l’herbe alentour », explique Mohamed M. Ould Babe. Pour nous signifier l’importance de cette aire de repos du bétail, il décrit : « Nous recevons jusqu’à trente camions par jour, particulièrement pendant les deux grandes fêtes religieuses, Id Al Fitr et Id Al Adha […] Les animaux viennent de Fassala, Djiguenni, Timbédra, et d’autres localités lointaines des deux Hodhs et de l’Assaba».
Selon le Directeur technique du PRAPS-MR, M. Mohamed Vadel Néma, « la construction des aires de repos répond à un réel besoin ». Selon lui, l’emplacement des principales zones pastorales implique que les animaux sont convoyés sur des axes de commercialisation relativement longs.
L’absence d’aires ou de gîtes de repos le long de ces axes ne permet pas de maximiser l’embonpoint des animaux pour une meilleure valorisation dans les marchés terminaux. « Il est prévu de renforcer les intrants par la mise à disposition sur place de produits vétérinaires et d’aliment de bétail. Les lieux pourront également attirer plusieurs activités, comme le commerce, la restauration et des services de Michelin etc… » conclut-il.
Cheikh Aïdara