L’UE doit renforcer son soutien militaire au Mozambique, d’après la présidence tournante portugaise
EURACTIV France - L’Union européenne doit renforcer son soutien militaire et son aide en matière de sécurité au Mozambique tandis que le pays peine à lutter contre la menace djihadiste, a fait savoir le ministre portugais des Affaires étrangères Augusto Santos Silva.
L’insurrection djihadiste, qui a également atteint la Tanzanie voisine, se concentre principale dans et autour de la ville portuaire de Pemba, le chef-lieu de la province du Cabo Delgado. Quelque 310 000 personnes, soit 15 % de la population de la province, ont été déplacées.
Malgré une fréquence accrue des attaques et des mouvements de population ces douze derniers mois, le manque d’actions du gouvernement du Président Felipe Nyusi et son refus de demander de l’aide ont suscité l’indignation de ses voisins dans la région du Sud-est africain.
À l’inverse, les autorités mozambicaines se sont reposées sur le soutien des entreprises militaires privées Dyck Advisory Group et Paramount Group, sans trop de succès.
Dans un entretien, le ministre portugais des Affaires étrangères Augusto Santos Silva, dont le gouvernement est actuellement à la tête de la présidence tournante du Conseil de l’UE, a déclaré que le bloc devait renforcer sa coopération avec le Mozambique en matière de sécurité, en formant et en entraînant les forces locales. « Notre coopération en matière de sécurité est très faible », a-t-il indiqué.
« Nous devons renforcer notre aide apportée au Mozambique en matière de sécurité. Le pays demande pour des centres de formation à cet égard. Je pense que nous pouvons le soutenir dans ce sens », a ajouté le ministre.
L’UE devrait travailler « en étroite collaboration » avec les pays de la Communauté du développement d’Afrique australe et de l’Union africaine.
L’augmentation du nombre d’attaques menace également la sécurité des sites GNL (Gaz naturel liquéfié), dont l’entreprise française Total est l’investisseur principal. Pour l’heure, le géant du pétrole et du gaz dispose de 750 troupes déployées pour assurer sa protection.
« Il faut prendre des mesures pour lutter contre le terrorisme au Mozambique. Il est dans l’intérêt de l’Europe de participer à la gestion de la crise et de lancer des actions pour ce faire », a soutenu M. Santos Silva.
« Nous ne pouvons pas accepter que l’islamisme radical, et le terrorisme issu de l’islamisme politique radical puissent étendre sa sphère d’influence dans l’est de l’Afrique ».
Jusqu’à présent, l’UE a investi 7,5 millions d’euros dans des projets humanitaires, de même que 25 millions d’euros supplémentaires ont été investis par le bloc dans leur mise en place dans le nord du Mozambique.
Toutefois, la perspective de missions européennes plus ambitieuses sur le plan militaire et de sécurité semble maigre dans cette région, à en juger par les efforts effectués dans la région du Sahel.
La Taskforce G5 Sahel – créée pour contrer le terrorisme islamiste dans la région – affiche des résultats mitigés depuis son lancement en 2014 en tant que successeur de l’Opération Serval menée par la France. Les 4 500 troupes déployées à travers la région du Mali jusqu’à Tchad ont tué des centaines de combattants djihadistes, mais ne sont toujours pas parvenues à rétablir la paix.
Par ailleurs, la mission dirigée par la France ne bénéficie pas d’un large soutien public ou politique sur le territoire, certains se plaignant qu’il s’agit d’une tentative visant à « recoloniser » du Sahel.En tant qu’ancienne puissance colonisatrice du Mozambique, le Portugal pourrait engendrer des critiques semblables.
Les dirigeants du pays du G5 Sahel – Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger – souhaitent que la Taskforce soit placée sous les auspices des Nations Unies et qu’elle vise à faire régner la paix plutôt qu’à la maintenir.