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système de reconnaissance visuelle basé sur un programme d’intelligence artificielle qui assiste les opérateurs en milieu hospitalier pour les aider à préparer la bonne dilution d’un produit thérapeutique sans craindre de se tromper. © Eurekam
Par :Dominique DesaunaySuivre
Une entreprise française a mis au point un système de reconnaissance visuelle qui permet de vérifier et de contrôler la conformité de la préparation des doses de vaccins anti-Covid-19. Ce dispositif détecte les quantités et les dilutions et trace l'intégralité du processus de la préparation des produits avant injection, en garantissant, au passage, l'obtention d’une sixième dose des flacons du vaccin Pfizer.
« C'est la dose qui fait le poison » proclamait le médecin Paracelse, qui fut l'un des pionniers de l’allopathie au XVIe siècle, en utilisant des substances aux propriétés chimiques curatives.
Si sa maxime est aujourd’hui largement dépassée, en raison de l’agression permanente dans notre environnement de produits chimiques ou des perturbateurs endocriniens, qui même à petites doses empoisonnent notre santé, la préparation des médicaments obéis toujours à la règle du bon dosage. « En trop forte concentration, le principe actif d’une molécule peut vous être fatal et a contrario en quantité moindre ne pas vous soigner du tout », précise Loïc Tamarelle, co-fondateur et Président d'Eurekam.
Cette société française a développé un système de reconnaissance visuelle basé sur un programme d’intelligence artificielle qui assiste les opérateurs en milieu hospitalier pour les aider à préparer la bonne dilution d’un produit thérapeutique sans craindre de se tromper. Ce dispositif permet aujourd’hui d’extraire une sixième dose sans en perdre une goutte, des flacons du vaccin anti Covid-19 Pfizer-BioNTech.
Préparation des vaccins Covid sous le regard de l’IA
Pour Loïc Tamarelle, « récupérer cette sixième dose est important, car cela permet d’effectuer plus de vaccinations, sachant qu’aujourd’hui, les laboratoires qui font le maximum pour pouvoir livrer en masse les vaccins contre la Covid-19, peinent à répondre aux demandes d’approvisionnement colossales des hôpitaux. En revanche, il convient de préciser que le vaccin Pfizer est distribué dans des flacons multidoses. Il est possible théoriquement d’en extraire six, mais il faut auparavant diluer ce concentré avec 1,8 ml de solvant pour les obtenir.
« Une manipulation qui demande une haute technicité qui doit absolument rester entre les mains expertes d’opérateurs humains pour pouvoir les prélever correctement et réaliser un suivi précis de ces opérations délicates afin qu’il n’y ait pas de gâchis, poursuit Loïc Tamarelle. Chaque étape clef de la fabrication de doses unitaires sera analysée par notre système pour vérifier l’ensemble du processus. Notre dispositif est un système informatique expert comprenant, entre autres, une analyse automatique d’images. Le programme donne des directives à l’opérateur s’affichant les unes après les autres, et il bloquera les manipulations si jamais l’une des actions du préparateur n’est pas conforme à cette fabrication. »
Cette problématique du bon dosage concerne toute sorte de préparation médicamenteuse. Et principalement les produits employés dans le cadre d’une chimiothérapie qui doivent être calibrés pour chaque patient.
Selon une étude menée en 2017 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) aux États-Unis, les erreurs médicamenteuses ont entraîné la mort d’une personne par jour. L’OMS, qui a lancé un plan d’action pour réduire de 50% les effets graves mais évitables des erreurs de médication dans tous les pays, estime globalement à 42 milliards de dollars le coût annuel de ces erreurs, soit 1% de l’ensemble des dépenses de santé au niveau mondial. Si scientifiquement, il est désormais établi que la dose ne fait pas toujours le poison, les erreurs de préparation de la pharmacopée nous démontrent aussi le contraire.
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