Ce jeudi 15 avril, le délai d’un mois laissé par les jihadistes de la Katiba Macina à l’État malien sur la question de Farabougou prend fin. Ce village du centre du Mali vit sous blocus depuis plus de six mois. Le 14 mars, un accord a été conclu avec ces jihadistes liés à Al Qaida au Maghreb islamique, sous l’égide du Haut Conseil islamique du Mali, mandaté par le gouvernement. Mais l’accord de cessez-le-feu obtenu et appliqué contient une condition suspensive : les jihadistes exigent que les militaires maliens stationnés dans le village quittent les lieux. Et l’échéance arrive donc à son terme.
L’accord de Niono, trouvé le 14 mars dernier, a mis un terme à plus de six mois d’affrontements, durant lesquels des villageois ont été tués, du bétail volé, des champs brûlés, des populations déplacées…
Aujourd’hui, les jihadistes peuvent prêcher avec leurs armes dans les villages du cercle de Niono, et les femmes sont obligées de porter le voile dans les zones contrôlées par la Katiba Macina. Mais les habitants peuvent à nouveau aller dans leurs champs ou dans les foires à bétail sans se faire attaquer, ni par les jihadistes, ni par les chasseurs traditionnels dozos, avec lesquels l’accord a été conclu.
Parmi les différents termes de cet accord, les jihadistes exigent que les militaires maliens stationnés dans le village de Farabougou s’en aillent. Moufa Haidara a dirigé les négociations au nom du Haut Conseil islamique. Il plaide pour que cette exigence soit entendue :
« Ça n'a pas empêché l'embargo de Farabougou. Ils sont cantonnés, ils sont dans la ville comme les populations. Je pense que pour la libre circulation des populations, pour éviter le bain, l'État doit y réfléchir. (...) Que l'armée malienne quitte Farabougou avec intelligence, pour que la paix puisse être consolidée. »
Qu’ils soient villageois du cercle de Niono craignant pour leur sécurité, ou responsables politiques à Bamako redoutant une question hautement sensible, la plupart préfère s’exprimer hors micro. Certains plaident aussi pour préserver le cessez-le-feu négocié il y a un mois, mais d’autres estiment que Bamako doit exercer son autorité sur l’ensemble du territoire et refuser le diktat des jihadistes. La décision appartient aux plus hautes autorités de l’État.