Mobilisons-nous pour une Mauritanie verte / Sidna Ould Ahmed Ely

Sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la République, notre pays se prépare à organiser la Semaine nationale de l’Arbre, du 1er au 7 août 2025, sous le slogan : « Mobilisons-nous pour une Mauritanie verte ».
Cette initiative constitue une avancée symbolique majeure, illustrant clairement la place centrale qu’occupe désormais l’environnement dans les politiques publiques, ainsi que la volonté politique forte de faire de la protection des écosystèmes, de la couverture végétale et de la biodiversité un pilier du développement national durable et inclusif.
Elle intervient dans un contexte critique, où notre pays, à l’instar de nombreuses nations — notamment sahéliennes — fait face à des défis environnementaux majeurs, en raison de l’accélération de la désertification, de la dégradation continue des ressources naturelles et des impacts croissants des changements climatiques.
Les rapports scientifiques, notamment ceux du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUD), indiquent que plus de 70 % des terres mauritaniennes sont menacées de désertification, avec une perte annuelle de plus de 8 000 ha de terres productives, causée par l’ensablement, l’érosion des sols, la pression accrue sur la végétation et la hausse constante des températures.
Les conséquences de cette dégradation sont multiples : (i) conséquences écologiques, (ii) menaces des moyens de subsistance des populations, (iii) accentuation des risques d’intrusion marine sur les villes côtières (notamment Nouakchott), (iv) aggravation de la rareté de l’eau, (v) la régression des pâturages et (vi) la détérioration des terres agricoles.
Ces dynamiques désintègrent les activités agropastorales, provoquent une hausse de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire notamment en milieu rural, ainsi qu’une intensification des flux migratoires internes et transfrontaliers vers les centres urbains, avec des pressions économiques, sociales et parfois sécuritaires.
Les crises et conflits que connaît aujourd’hui la région sahélienne ne sont pas étrangers à ces réalités.
Ces effets remontent à plus d’un demi-siècle, lorsque les sécheresses successives ont bouleversé la démographie du pays, vidant les campagnes (monde rural) et densifiant les villes, à cause de l’effondrement de l’économie rurale fondée sur l’agriculture pluviale, l’élevage et l’exploitation des ressources forestières.
Pour faire face à cette situation, la Mauritanie a, depuis plusieurs décennies, adopté diverses initiatives environnementales et promulgué de nombreuses lois.
L’une des actions pionnières fut l’ensemencement aérien, conduit par l’Armée nationale en partenariat avec le ministère chargé de l’environnement, avant une longue interruption.
Mais les six dernières années ont marqué un tournant, avec l’adoption par le Président de la République d’une nouvelle approche stratégique, plaçant l’environnement et le climat au cœur des priorités nationales depuis 2019.
Ainsi, la campagne annuelle d’ensemencement aérien a été relancée, les budgets environnementaux intégrés au Programme Prioritaire Élargi du Président (ProPEP) , les investissements orientés vers l’économie verte et les énergies propres , la présence de la Mauritanie dans les forums climatiques internationaux renforcée et les campagnes de sensibilisation et de mobilisation communautaire intensifiées.
Ce cap stratégique s’est concrétisé notamment à travers le soutien apporté à l’Initiative panafricaine de la Grande Muraille Verte, mise en œuvre au niveau national par l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte (ANGMV), sous la tutelle du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable.
Ces dernières années, l’agence a joué un rôle central dans la mise en œuvre des politiques environnementales, gagnant la confiance croissante des partenaires nationaux et internationaux.
Elle figure aujourd’hui parmi les institutions publiques les plus dynamiques du secteur de l’environnement, grâce à l’engagement politique et au soutien constant du Président de la République, tant au niveau national par l’allocation de ressources qu’international à travers le plaidoyer, la mobilisation de financements et les partenariats.
À titre d’exemple, avant 2019, les interventions de l’agence ne dépassaient pas 100 hectares de fixation mécanique des dunes.
Entre 2019 et 2025, ce sont plus de 18 000 hectares de terres dégradées qui ont été restaurées par la fixation mécanique, biologique, reboisement et/ou ensemencement direct.
L’agence a également mis en place 91 Fermes Agricoles Communautaires Intégrées (FACI), contribuant à la sécurité alimentaire, à la création de centaines d’emplois verts et à l’augmentation des revenus des ménages ruraux, alors que l'agence ait achevé une ferme de ce genre avant 2019.
De plus, des technologies innovantes ont été introduites, telles que l’ensemencement aérien par drones et l’utilisation de boules de semences (seedballs).
L’agence a aussi conclu des partenariats stratégiques avec des institutions internationales de renom, directement ou via des partenaires tel que : Agences Onusiennes, Fonds pour l’Environnement Mondial, Fonds Vert pour le Climat, Agence Française de Développement, UICN, Académie des Sciences de Chine, etc.
Cette dynamique ambitieuse a permis à l’agence d’entrer dans une nouvelle phase, marquée par l’élargissement de ses zones d’intervention et l’accès progressif aux financements climatiques.
Un nouveau portefeuille de projets structurants a ainsi été élaboré, comprenant neuf projets majeurs visant : (i)à mobiliser davantage de ressources d’ici 2030, (ii) à restaurer plus de terres, (iii) à renforcer le développement local durable à travers une gestion rationnelle des ressources naturelles, (iv) à autonomiser les femmes et les jeunes dans les zones vulnérables, (v) à connecter les fermes aux marchés, (v) à attirer les investissements environnementaux et (vi) à contribuer à la neutralité carbone, conformément aux engagements de la Mauritanie dans l’Accord de Paris.
Cependant, malgré ces avancées remarquables, les résultats restent encore en deçà des enjeux posés par la désertification galopante, la dégradation des terres et la pression climatique croissante.
Cela appelle à intensifier les efforts et à adopter des approches stratégiques efficaces, fondées sur la conscience collective et la participation de tous les acteurs.
C’est dans cette perspective que la Semaine nationale de l’Arbre revêt une importance capitale.
Elle traduit une prise de conscience croissante de l’importance de la couverture végétale pour la protection des sols, la sécurité alimentaire et la résilience climatique.
Parmi les principales activités prévues pendant la semaine de l’Arbre 2025 : (i) le lancement de la campagne annuelle d’ensemencement aérien avec l’extension des zones ciblées, (ii) une campagne de reboisement et semis direct manuel et par drones sur 4 000 hectares dans l’espace de la Grande Muraille Verte et la plantation de centaines de milliers d’arbres dans des sites écologiquement sensibles (aires protégées, zones de fixation, écoles, centres de santé, espaces publics).
De vastes campagnes nationales de sensibilisation accompagneront ces actions, en valorisant l’implication des femmes, des jeunes, de la société civile, des établissements scolaires, tout en mettant en avant les aires protégées et les zones humides comme espaces écotouristiques prometteurs, et en diffusant une culture du développement durable, en milieu rural comme urbain.
La réussite de cette semaine emblématique, placée sous le haut patronage du Président de la République, repose sur une mobilisation nationale inclusive, avec la participation effective de tous, dans la conscience car la protection de l’environnement est une responsabilité collective.
C’est dans cet esprit que l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte lance un appel à l’ensemble de ses partenaires et à tous les citoyens et citoyennes, pour qu’ils prennent part à cette mobilisation à travers la plantation, l’entretien, la sensibilisation et l’ancrage d’une conscience écologique collective et durable.
Chaque arbre planté aujourd’hui est une œuvre durable, un rempart contre la désertification et la sécheresse et un message d’espoir pour les générations futures.
Le Prophète Mohammad a dit : « Si l’Heure venait à sonner et que l’un de vous tient dans sa main un plant, qu’il le plante. »
Plantons ensemble pour construire un avenir plus vert.
Mobilisons-nous pour une Mauritanie verte.
Sidna Ould Ahmed Ely
DG de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte