
Monsieur le Président,
Dans le silence de nos plaines noyées, il ne reste plus rien à moissonner. Les eaux du fleuve ont tout emporté : nos champs, nos espoirs et notre seule source de vie. À Chintiane Diama, Mboyo et Héraaline situés dans la Wilaya du Brakhna 145 familles regardent aujourd’hui leurs rizières englouties sous une nappe d’eau boueuse 53 hectares de cultures détruits, sans une seule gerbe de riz à récolter.
Les inondations ont transformé nos terres fertiles en marécages. Là où résonnaient les cris des moissonneurs, il n’y a plus que le silence, le désespoir et la faim. Le riz qui devait nourrir nos enfants s’est perdu dans les flots, et avec lui, les revenus agricoles indispensables à la survie de nos foyers.
Ces pertes ne sont pas de simples chiffres : ce sont les soins à l’hôpital, les fournitures scolaires, les repas de chaque jour, la survie même de nos familles. Mais au-delà de la perte économique, un autre danger s’installe : celui des maladies.
Aujourd’hui, dans ces villages, les greniers sont vides, les dettes s’accumulent, et la dignité s’effrite. Certains parents, pour nourrir leurs enfants, songent déjà à vendre ce qu’il leur reste : un mouton, une charrette. D’autres contractent des emprunts qu’ils savent ne jamais pouvoir rembourser.
Les eaux stagnantes sont devenues des foyers d’infection. Les enfants tombent malades, les moustiques se multiplient, et les puits, contaminés, menacent de provoquer de nouvelles tragédies sanitaires. Nous n’avons ni médicaments, ni assistance médicale, ni infrastructures capables de répondre à l’urgence. Monsieur le Président,
Ce cri vient du cœur de la vallée. Ce ne sont pas des mots politiques, mais des mots de survie. Nous savons que votre gouvernement a fait de l’agriculture un pilier du développement national, et que vous avez réaffirmé à plusieurs reprises votre engagement à protéger les producteurs et à assurer la sécurité alimentaire du pays. Aujourd’hui, c’est cette promesse d’un État protecteur que nous invoquons.
Nous demandons humblement, mais avec urgence :
• Une aide alimentaire immédiate pour les familles sinistrées,
• Une intervention sanitaire d’urgence pour prévenir les maladies d’eau,
• Et un plan de relance agricole permettant de replanter avant la prochaine saison.
Car sans action rapide, la vallée du fleuve jadis grenier de la Mauritanie risque de devenir un désert humain.
Monsieur le Président,
Nos villages ne demandent pas la charité, mais la solidarité nationale.
Ils ne réclament pas la pitié, mais le droit de vivre dignement du travail de leurs mains, comme vous l’avez si souvent défendu dans vos discours.
Nous avons foi en votre parole, foi en votre écoute, foi en votre volonté de ne laisser personne au bord du fleuve ni au bord de la route.
Respectueusement,
Les habitants de Chintiane Diama, Mboyoo et Héraaline
Chef de village Mr Yero
Contact : +222 46 93 23 48