Fédération des éleveurs de Mauritanie : Après le gardiennage, le monde pastoral dans le giron des anciens officiers

sam, 25/07/2015 - 10:59

L'Authentique - L’ancien colonel et ex-chef de la garde nationale, Welad Ould Haimdoune, vient de prendre la tête de la Fédération des éleveurs de Mauritanie. C’était au cours d’un scrutin organisé , mercredi 22 juillet 2015 à l’ancienne Maison des Jeunes de Nouakchott, avec un score digne des régimes militaires, 448 voix sur 450, du presque 100% ! Ainsi prend fin un long bras-de-fer entre divers courants qui se sont livrés une bataille homérique pour s’imposer sur le monde pastoral.

Certaines sources ont cependant évoqué l’intrusion du président Mohamed Abdel Aziz qui aurait fait pencher la balance du côté de son frère d’armes. C’est surtout la guéguerre entre ressortissants du Chargh, forts de leur position de réservoir national de cheptel et gens du Nord qui a dominé ce long ping-pong qui s’est finalement achevé avec la victoire de ces derniers.

Ainsi, après les services de gardiennage complètement cédés aux anciens officiers de l’armée pour les planquer, c’est aujourd’hui le monde pastoral qui devient la chasse gardée des ex-hauts gradés. Finalement, l’élection pour le renouvellement des instances de la Fédération des Eleveurs de Mauritanie a eu lieu, après plusieurs semaines de blocage.

Le colonel à la retraite, Welad Ould Haimdoune a finalement emporté le scrutin qui a eu lieu hier, mercredi 22 juillet 2015, dans la grande salle de spectacle de l’ancienne Maison des Jeunes de Nouakchott. Il a récolté 448 voix sur les 450 inscrits, réalisant un score frôlant les 100%.

Cette élection met ainsi un terme à un blocage qui dure depuis deux années à cause de forte dissensions entre divers lobbies en confrontation. Le clan de l’homme d’affaires, Lamar Ould Weddadi s’était en effet opposé aux velléités de l’ancien officier de la garde nationale à s’imposer à la tête du monde pastoral.

Les ressortissants des régions orientales considéraient ainsi la fédération des éleveurs comme un pré-carré forts de leur statut de régions réservoirs du cheptel national.

Prévue plusieurs fois et chaque fois reportée, dont la dernière date du 19 juin dernier, l’élection de la Fédération des éleveurs a eu finalement eu lieu 22 juillet avec au final, cette écrasante victoire du colonel.

C’est surtout la disparition soudaine de l’homme d’affaires Lamar Ould Weddadi de la course, alors qu’il y était farouchement engagée qui constituera pendant un certain temps une grande énigme avant que le développement du dossier ne l’éclaircisse.

C’est au cours d’une réunion que Lamar Ould Wedadi et deux autres protagonistes du dossier, Ould Bouna Mokhtar et Mohçen Ould Hadj, président du Sénat, mettront l’affaire à l’évidence. Des instructions auraient été données par Mohamed Abdel Aziz pour l’élection de l’ancien colonel Welad Ould Haimdoune à la tête de la fédération des éleveurs.

Un ressortissant de l’Inchiri, petite bourgade d’où est originaire le président Aziz, deviendra ainsi par décision tacite du Chef de l’Etat, patron autoproclamé du monde pastoral. Il aurait même été convoqué au Palais présidentiel pour se voir signifier sa « nomination » avant même le scrutin.

Considérant les directives du président de la République comme décret divin, les éleveurs du Chargh, qui possèdent pourtant 99% du cheptel national se sont ainsi résignés et ont enfoui leurs ressentiments.

Ne leur reste plus qu’une sourde révolte, pleurant leur injuste marginalisation à cause des humeurs présidentielles. Pourtant, ils avaient bataillé dur, allant même jusqu’à se plaindre auprès du président du Sénat, fustigeant les tentatives en cours pour leur arracher leur fédération.

Aussi, se sont-ils farouchement opposés pendant des semaines à Ould Bouna Mokhtar, président de la Banque de l’Habitat, lequel faisait une campagne ouverte en faveur du colonel Welad Ould Haimdoune, assénant à tout va que c’est là, la volonté du président de la République.

Ils avaient aussi supplié le président Mohamed Abdel Aziz de rester neutre par rapport à l’élection en vue, lui rappelant qu’il est président de tous les Mauritaniens et non président de l’Inchiri, région dont il est issu aussi bien que le colonel Welad.

Ainsi après avoir livré le secteur du gardiennage aux officiers de l’armée en manque d’une douillette planque pour se recaser au détriment de plusieurs citoyens mauritaniens qui opéraient dans le domaine depuis des décennies, c’est aujourd’hui au tour du monde rural de passer sous la trappe des anciens gradés de l’armée.

Cheikh Aïdara