Les changements climatiques sont une réalité que personne ne peut ignorer aujourd’hui. Notre pays qui vit au rythme des sécheresses et inondations en plus de la vulnérabilité d’une bonne partie du littoral en sait quelque chose. La capitale dont une bonne partie est au niveau de la mer (et même en dessous) connait depuis quelques années de graves problèmes d’inondation provoquées par des années de bonnes pluviométrie mais surtout de la montée de la nappe.
Il y a de nombreuses années déjà que Nouakchott connaît de graves problèmes d’urbanisme dus, entre autres phénomènes, à un exode rural qui pousse des milliers de nomades et d’agriculteurs à la recherche d’une meilleure vie dans la nouvelle capitale. Dans la précipitation, des quartiers ont été érigés et la ville qui comptait juste quelques milliers de personnes dans les années 70, abrite aujourd’hui plus de tiers de la population totale du pays. Les pluies tombées ces dernières années à Nouakchott ont mis à nu les conséquences de son évolution chaotique.
Pourtant, le premier plan directeur de la Nouakchott l’avait orientée exclusivement vers le Nord, le Nord-est et l’Est en déclarant zone « non edificandi » toute la partie correspondant actuellement aux moughataa de Sebkha, El Mina, Riadh et même les quartiers chics de Tavragh Zeina. De nombreuses études environnementales ont mis en garde contre la surexploitation du cordon dunaire du littoral à des fins de construction en disant que cela a pour conséquence l’exposition de certains quartiers aux inondations et à la remontée des eaux de surface. Ainsi Sebkha, El Mina, une partie du centre de la ville sont vulnérables à ces phénomènes. C’est alors que les pluies enregistrées dans la capitale ont plongé les habitants de ces zones dans le désarroi. Maisons totalement submergées, routes impraticables, apparition de foyers de moustiques et mouches à cause des eaux stagnantes etc. En somme des choses prévisibles, puisque les quartiers touchés sont soit construits sur des zones marécageuses soit dans des endroits très bas. Jusque là les habitants de ces zones avaient été plus ou moins chanceux bénéficiant d’une météo tolérante, avec tout de même un déficit pluviométrique quasi-chronique à Nouakchott. Mais il a fallu que les nuages porteurs d’eau soient plus nombreux dans le ciel pour que la capitale baigne dans l’eau en différents endroits. Ainsi le quartier de la socogim ps jusque là très prisée entre autre pour sa proximité du centre ville et le fort débit de son eau, est aujourd’hui à moitié déserté. La succession de pluies a condamné de nombreuses familles à quitter leurs demeures pour louer des maisons chères dans des quartiers plus sûrs. Ce quartier érigé dans une cuvette est encore plus victime de la remontée des eaux que des dernières pluies. L’eau salée envahie inexorablement les maisons à tel point que seuls ceux qui ont des maisons à étages sont à même de résister. Pour les autres, points de solutions à court terme.
La responsabilité d’une telle chose revient à l’Etat qui a construit des habitats sociaux dans des zones particulièrement exposées (« Socogim Projet Saoudien » Socogim plage etc). C’est également le cas pour les lotissements dans la sebkha où il est clair que, déjà, des quartiers comme Basra, Koufa, Netec etc. ne sont pas viables. Nous l’indiquions déjà dans un article paru il y a une année qu’une bonne partie de Nouakchott ne serait plus habitable à l’horizon 2020 à cause de la montée de l’eau de mer. Cela se vérifie avec l’apparition de nappes d’eau à El Mina, Dar Naime, Tevragh Zeina etc. Une chose qui devrait amener les autorités à prendre les devants en prenant de vraies mesures anticipatives. Il va de soi que le centre de la ville est à revoir également en raison de sa très mauvaise conception initiale. En somme au lieu de placebos envisagés de temps à autre, il faudrait songer à définir une stratégie globale pour sauver la ville et ses populations, au lieu d’attendre que l’eau soit sous nos pieds.