«Traversées Mauritanides » : Les rideaux sont tombés sur la 6ème édition

mar, 15/12/2015 - 09:49

Traversees-Mauritanides - Le Festival littéraire «Traversées Mauritanides » a baissé ses rideaux ce soir, dimanche 13 décembre 2015 au Centre culturel marocain avec le concours de «Génies en herbe », un récital de poèmes et une photo de famille. Instant solennel marqué par des discours d’adieu, une distribution de prix et un rendez-vous pour la 7ème édition en 2016.

Lancé le 9 décembre 2015 au Musée National qui a abrité toutes les manifestations de la 6ème édition, le festival littéraire «Traversées Mauritanides » s’est achevé en apothéose dimanche 13 décembre comme il était prévu dans le programme.

La cérémonie de clôture a suivi de peu le concours « Génies en herbe » qui a mis aux prises les collèges et lycées de Diamly, Noura, Baobab, Vowz Bamba, Ba Soulé et Ansar. Pendant trois heures, les élèves ont rivalisé de connaissance que cela soit dans «Epelle-moi » ou le concours «Génies en herbe », des questions qui ont porté sur «connaître son pays, la Mauritanie », sur les écrivains qui ont participé à «Traversées Mauritanides » ainsi que des questions de culture générale.

En fin de compte, Diamly a emporté le premier prix. Des récompenses ont été distribuées sans distinction à toutes les écoles qui avaient participé. Le clou de la soirée a été cette photo de famille qui a regroupé, organisateurs, élèves et écrivains, ou le discours marquant du Pr.Cheikh Saad Bouh Kamara, qui avec son humour habituel a rappelé que lorsqu’il faisait le collège, «ce n’est pas longtemps, souligne-t-il, c’était en 1961 » (ce qui a fait rire les élèves), il avait vaincu sa timidité en s’inscrivant dans les scouts, en faisant du sport et du théâtre.

S’adressant aux jeunes, il leur demandera de s’armer de détermination, de respect des valeurs et de compétence, pour s’ouvrir un large boulevard dans la vie.

Contrairement aux appréhensions, la 6ème édition de «Traversées Mauritanides » a connu un retentissant succès malgré le manque de moyens. Cette année, le festival n’a pas pu amener plus de trois écrivains étrangers, plusieurs invités n’ayant pu faire le déplacement, certains pour des contraintes sécuritaires et d’autres pour des empêchements de dernière minute.

Marième Dervich n’avait pas voulu rater l’édition 2015, parce qu’il était question d’hommages rendu à deux grands hommes, Mohamed Said Homody et Ly Djibril Hamet. Ayant peu connu le premier, c’est surtout pour Ly Djibril qu’elle connaissait mieux et qui «est son ami » qu’elle a fait le voyage depuis sa résidence au sud de la France, car avec Ly Djibril elle partage l’amour des mots et la tendresse de la Muse.

Marième Derwich a beaucoup donné d’elle-même durant le festival, à travers ses visites dans les écoles et ses brillantes interventions dans la quasi-totalité des tables-rondes. Journaliste et chroniqueuse au journal «Le Calame », Marième Derwich a publié son premier recueil de poésie «Mille et un Je » aux éditions 15/21 de Nouakchott.

Juliette Blalack, citoyenne américaine, universitaire et spécialiste de la langue arabe et qui a beaucoup travaillé sur la littérature mauritanienne a émerveillé ses différents auditoires, que ce soit les potaches des collèges privés de Nouakchott avec qui elle a eu des discussions poussées, qu’auprès des étudiants de l’Institut supérieur des études et recherches islamiques (ISERI) avec qui elle a débattu à bâtons rompus.

Intagris Al Ansari, l’auteur de «Echo sahélien, l’inconsolable nostalgie » a lui aussi marqué la 6ème édition de «Traversées Mauritanides » notamment à travers ses échanges avec les élèves au cours des visites dans les établissements scolaires, mais aussi à travers ses pertinentes interventions au cours des tables-rondes.

Les auteurs mauritaniens ont également été d’un apport considérable dans la réussite de l’édition 2015 du festival.

A tout honneur tout seigneur, le Pr.Cheikh Saad Bouh Kamara n’a raté aucune journée du festival, dont il animera la première table-ronde. Ce sociologue et consultant international, rigoureux jusqu’au rappel constant de son statut de «retraité » a modéré les journées du festival avec esprit, condescendance, sagesse et humour.

Mention spéciale à Idoumou Mohamed Lemine, présent pendant les cinq journées littéraires. Il a été de toutes les campagnes, que ce soit au niveau des écoles, des tables-rondes ou des débats au cours desquels il a apporté d’importantes contributions, notamment dans les hommages rendus à Mohamed Said Homody et Ly Djibril, deux hommes qu’il a connus et côtoyés.

Antonia Barbosa Fortes, romancière d’origine cap-verdienne et qui vit en Mauritanie depuis l’âge de 12 ans a participé elle aussi dans la tournée dans les écoles et pris une bonne option surtout dans la table-ronde consacrée à la déperdition scolaire et à la violence contre les femmes.

Dr.Mamadou Kalidou Bâ, universitaire et chercheur a modéré avec brio la deuxième table-ronde sur «Littérature et identités », apportant sa connaissance empirique mais aussi livresque sur la problématique de la question nationale à travers les œuvres se rapportant au sujet.

Sektou Mint Mohamed Vall, l’auteur de «Le berger du Ksar al barka », combattante du droit des femmes s’est particulièrement distinguée lors de la première table-ronde sur «les adolescentes, entre pesanteurs sociales, crise d’éducation et résilience », mais aussi dans ses contacts avec les élèves des établissements qu’elle a visités en compagnie des autres auteurs.

Mamadou Lamine Kane, benjamin des écrivains et auteurs de plusieurs recueils de poésie, il a marqué de sa présence les journées littéraires, par sa fougue de jeunesse et ses idées.

Ouleid Nass Sidi Elemine, poète et conseiller au ministère de la Culture et de l’Artisanat, avait présidé l’ouverture solennelle du festival littéraire au nom de madame la ministre avant de prendre part à la table-ronde en arabe sur «Littérature et identités ».

Cette joute qui avait opposé d’éminentes personnalités du monde de la culture comme Mohamed Lemine Moulaye Brahim, Mohamedou Hdhana, Abdel Kader Mohamed et Ouleid Nass, en plus de Juliet Blalack, a été modéré par Bilal Hamzatta, professeur d’université et homme de lettres.

Turkia Daddah, administratrice et première directrice de l’Ecole nationale d’administration a participé aux hommages rendus à Mohamed Said Homody et Ly Djibril, s’appesantissant sur le premier qu’elle a surtout mieux connu. Son intervention a enrichi les débats et donné le tempo à l’émotion qui sera le trait dominant de cette soirée d’oraisons funèbres.

Pendant cinq journées pleines, le festival «Traversées Mauritanides » s’est ainsi nourri de toutes ces expériences, de toutes ces compétences, et de tout l’humanisme qui est le trait dominant des amoureux des belles tournures et des mots exquis.

Cette manifestation culturelle n’aurait pas eu lieu cette année, de l’avis des organisateurs, sans l’aide et l’appui des soldats de l’ombre, que furent les concepteurs du festival, son président Bios Diallo, Mamadou Tall et son équipe de «Planète Jeunes », Tabara, et toutes les hôtesses qui ont joué les sentinelles éveillées de l’organisation, et tant d’autres.

L’apport des partenaires du festival fut en premier et dernier ressort essentiel et vital pour sa réussite, notamment l’Organisation internationale de la Francophonie, l’ambassade de France, l’Institut français, l’Unicef, l’Institut de musique, l’Alliance française, le ministère de la Culture et de l’Artisanat, les hôtels Wissal et Halima, Mauritel…