Le Fonds monétaire international (FMI) accorde à la Mauritanie une nouvelle tranche du prêt signé en 2017. L’institution attribue à Nouakchott un satisfecit pour son pilotage macro-économique, moins pour sa gouvernance.
L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a quitté le pouvoir en août, sera à moitié satisfait des commentaires du FMI sur la situation de la Mauritanie au moment où un certain nombre d’élus mettent en cause son bilan après dix ans de pouvoir.
Comme la Banque mondiale au printemps 2019, le rapport publié par le Fonds le 11 décembre félicite les autorités mauritaniennes pour leurs performances macro-économiques. Les comptes publics se sont redressés après le coup de massue de la forte baisse des prix du fer, principale source de devises du pays, et des recettes budgétaires. Grâce à une politique « prudente », les déficits budgétaires qui en étaient résultés ont fait place à un excédent primaire (avant paiement des intérêts de la dette).
Les réserves en devises poursuivent leur augmentation à 1,1 milliard de dollars, soit 5,6 mois d’importations. L’inflation est relativement maîtrisée à 3 %. Bonne nouvelle, la croissance s’amplifie bondissant de 3,4 % en 2018 à 6,9 % cette année, sous l’effet d’une amélioration des prix du fer, mais aussi grâce à la reprise des secteurs non-extractifs (BTP, agriculture). Il existe quelques domaines moins brillants comme la situation des banques et surtout la dette publique, l’une des plus importantes d’Afrique avec un niveau de 78,9 % du produit intérieur brut mauritanien.
Besoins sociaux immenses
Pour amortir le choc de la crise, le gouvernement a beaucoup emprunté auprès des pays du Golfe et pas toujours à des conditions concessionnelles, c’est-à-dire à des taux élevés et pour des durées courtes. Le FMI préfère fermer les yeux sur ce talon d’Achille et accorde à la Mauritanie une nouvelle tranche du prêt de 159,6 millions de dollars dans le cadre d’un programme de trois ans signé en 2017.
Mais l’analyse du Fonds souligne aussi plusieurs zones d’ombre. Il pointe en premier la grave pauvreté et les inégalités qui génèrent des « besoins sociaux immenses ». Il incombera au nouveau président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani de corriger ces travers sociaux, connus de longue date puisque l’ancien président Abdel Aziz se voulait « le président des pauvres ».
Le Fonds juge que la lutte contre la corruption nécessite une stratégie plus musclée. Enfin, il appelle à plus de transparence dans les industries extractives et insiste sur la nécessaire préparation d’un cadre réglementaire et financier pour que ne soit pas gaspillée la manne qui proviendra du gisement gazier de Grand-Tortue Ahmeyim à partir de 2022.
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