La Revue de L'Afrique - Sept mois après son élection, le président Mohamed Ould Ghazouani continue de mener ce qui ressemble de plus en plus à une transition démocratique en Mauritanie.
Avec la libération de prisonniers d’opinion, le dialogue avec l’opposition et la réhabilitation des exilés politiques, il a réussi à imprimer sa marque. Mieux, à instaurer un climat socio-politique favorable au développement du pays.
Avec « Ghazouani, il y a du nouveau au sommet de l’État »
Depuis juillet 2019, la Mauritanie est propulsée sur les rails d’un Etat de droit par son nouveau président Mohamed Ould Ghazouani. Celui-ci veut marquer une rupture franche d’avec son prédécesseur Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est distingué par un régime liberticide pendant dix ans.
C’est pourquoi Ghazouani a procédé à la libération de plusieurs prisonniers d’opinion, dès son accession au pouvoir. L’un d’entre eux, le blogueur Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir, a été condamné à mort pour blasphème en 2014. Il a été remis en liberté le 29 juillet, après plus de cinq ans de détention.
Dans le même élan démocratique, Mohamed Ould Ghazouani a ouvert les médias d’Etat aux opposants et surtout initié un dialogue national avec l’opposition, qui n’avait plus droit au chapitre depuis une décennie.
Tous ont unanimement salué l’ouverture du chef d’Etat mauritanien, sa pondération, sa modération et sa sagesse. Parmi les leaders reçus au palais présidentiel figurent le président du parti anti-esclavagiste IRA, Biram Dah Abeid, qui estime qu’avec « Ghazouani, il y a du nouveau au sommet de l’État ».
Le peuple retrouve la parole
Ce changement dans la politique mauritanienne se caractérise aussi par des actions du peuple. Comme ce fut le cas le 13 décembre 2019 quand des milliers de Mauritaniens ont manifesté devant la présidence pour réclamer le retour des exilés politiques, dont l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou. Une initiative très risquée et même impensable sous Abdel Aziz.
Ces dernières semaines, l’on parle de plus en plus du retour des exilés en Mauritanie. Si Nouakchott ne s’est pas encore officiellement prononcé sur le sujet, toutes les récentes décisions laissent penser que l’amnistie n’est plus bien loin.
Le retour en grâce de Mohamed Ould Bouamatou
Mi-novembre, le gouvernement a par exemple réhabilité Mohamed Ould Bouamatou au cours d’une cérémonie de distinction des hommes d’affaires mauritaniens. Absent du pays depuis 2013, le philanthrope a reçu un prix pour l’ensemble de ses investissements en Mauritanie dans divers domaines tels que la banque (Générale de Banque de Mauritanie), la santé (clinique ophtalmologique), le social (fondation pour l’égalité des chances), la construction, l’agroalimentaire etc.
Le ministère des pêches et de l’économie maritime a aussi ordonné la levée des mesures restrictives frappant sa Générale de Banque de Mauritanie (GBM) aujourd’hui gérée sa fille Leïla Bouamatou. Les autorités locales ont d’ailleurs assisté, le 11 janvier dernier, à l’inauguration d’une antenne de la GBM.
Par Bubale Nyama