Scandale au Ministère des pêches : L’ancien directeur de la pêche industrielle déballe les mauvaises pratiques de gestion

mer, 05/02/2020 - 14:44

Mauriweb - Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme, ancien de la pêche industrielle et ex-directeur du Cnrop, devenu IMROP, n’y va pas par quatre chemins. Les révélations faites par un homme du sérail sont d’une gravité extrême puisqu’elles renseignent sur les pratiques de corruption, de favoritisme et de dilapidation de la ressource halieutique nationale.

L’ancien directeur, qui explique sa démission du poste de directeur de la pêche industrielle, par son refus de cautionner la convention signée en 2010 par le régime de Ould Abdelaziz avec Polyhondone Pelagic Fisheries, lève quelques voiles sur des pratiques clientélistes concernant les attributions des autorisations et quotas de pêche ainsi que les attributions de terrain du domaine public maritime et les autorisations de construction d’usines de farine de poisson.

Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme, dans une tribune publiée chez nos confrère de cridem, accuse notamment les responsables du Mpem d’enrichir quelques individus à en leur octroyant des quotas de pêche alors qu’ils n’auraient ni «…navires ni usines de pêche ». Il souligne, à cet effet, « qu’un quota poulpe de 400 tonnes a atteint, ce 02 Février courant, 60 millions d’UM dans la bourse de Nouakchott ».

Dans le même esprit, Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme estime que cette dilapidation des ressources halieutiques porte aussi sur « des autorisations accordées (…) pour construire des usines de farines et huile et de poisson » dont les bénéficiaires n’ont aucun capital à investir mais qui, dans la pratique, donne la « chance aux détenteurs de trouver un partenaire avec qui pourraient-ils créer une société prête-nom moyennant une somme infime ».

Il assure, par ailleurs, que « les autorisations qui n’auraient pas été valorisées par leurs ‘’propriétaires’’ dans les délais, deviennent un fonds de commerce pour d’autres mauritaniens » qui, après les avoir achetées à vil prix, parviennent toujours à trouver moyen à les reconduire.

Cette tribune déballant sur la place publique beaucoup d’aspects de la mal gouvernance du secteur des pêches dans notre pays risque encore de faire des vagues. Même si l’ancien directeur de la pêche industrielle s’en défend, elle intervient au moment où une commission d’enquête parlementaire est mise en place pour faire la lumière sur certains dossiers brûlants.

L'intéressé met à nue des responsables mafieux déterminés à s'enrichir au détriment de la collectivité nationale. Cet écrit restera, sans doute, un rappel à l'actuel pouvoir qui a promis des changements profonds dans la gouvernance du pays, que le poisson pourrit toujours par la tête. Un véritable réquisitoire contre des responsables devenus carnassiers comme des requins.

Les révélations de Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme sur les mauvaises pratiques de gestion sont encore à contre-courant du premier rapport de conformité de notre pays avec les exigences de transparence de la Fiti. Elles résonnent donc comme la manifestation d'une volonté de mieux éclairer l'opinion et les décideurs politiques sur les zones troubles dans certains départements gouvernementaux.

Nous vous proposons l’intégralité de cette tribune par nos confrères de cridem

Dans un écrit publié en 2011, j’avais attiré l’attention des autorités et de mes concitoyens sur un ensemble de pratiques ayant caractérisé le secteur de la pêche depuis 1979 (http://www.cridem.org/C_Info.php?article=61737).

Dans cet écrit, intitulé « La pêche : il y a toujours quelque chose à offrir », il était question de citer quelques exemples de pratiques ou comportements peu orthodoxes dans un secteur que je connaissais plus ou moins. Je dis bien « que je connaissais plus ou moins » parce que j’ai quitté ce secteur suite à mon opposition (et ma démission) à mon Ministre Aghdafna Eyih sur le dossier de la société chinoise polyhondone en ma qualité de Directeur de la Pêche Industrielle.

Pour l’histoire, j’ai dû apprendre, plus tard, que Monsieur le Ministre des pêches n’en était pour rien dans tout le dossier et que le vrai artisan du Mémorandum et de la Convention d’Etablissement, était l’ancien Ministre Sidi Ould TAH (Allahou Aalem).

Les curieux devront attendre les résultats de la Commission Parlementaire, un choix auquel je n’adhère pas malgré tout.

Retournant au sujet du présent écrit, celui-ci se réfère au fait que plusieurs années plus tard, on constate que ce secteur continue de maintenir ses performances en matière de capacité ou de possibilités d’offrir. En effet, nul n’ignorent aujourd’hui que :

- des quotas sont donnés à des personnes sans navires ni usines de pêche. Ceci signifie qu’une partie d’un capital naturel commun à tous, est donnée à des individus pour s’enrichir ;

- des autorisations accordées à d’autres pour construire des usines de farines et huile et de poisson. C’est donner une chance aux détenteurs de trouver un partenaire avec qui pourraient-ils créer une société prête-nom moyennant une somme infime ; cette somme appartenant, elle aussi, à tous les Mauritaniens ;

- des attributions de terrain dans les limites du domaine public maritime sont sélectivement accordées. Là, les vrais enjeux ont commencé à partir de 2008 et ne cessent de se compliquer (Tanit est un bon exemple) ;

- les autorisations pour importation d’employés étrangers et affrètement de navires étrangers alimentent, elles aussi, ce marché inaccessible à tout pauvre et citoyen lambda.

Savez-vous que les autorisations qui n’auraient pas été valorisée par leurs ‘’propriétaires’’ dans les délais, deviennent un fonds de commerce pour d’autres mauritaniens spécialisés dans ce genre de pratiques.

Pour qui l’ignore, il parait qu’un quota poulpe de 400 tonnes a atteint, ce 02 Février courant, 60 millions d’UM dans la bourse de Nouakchott ; l’acheteur potentiel sera certainement le plus grand connaisseur des méandres à parcourir jusqu’à la reconduction de la validité du quota, objet de la transaction.

Accepter comme moi, chers lecteurs, que les descendants d’Adam ne sont pas tous biologiquement identiques et qu’ils ne sont pas, non plus, tous nés sous la même étoile même si le Président Macron avait soutenu le contraire de ce maxi en 2017.

Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme