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L'une des statuettes remises aux vainqueurs des César. Charly Triballeau/AFP
Texte par :RFISuivre
Coup de tonnerre jeudi 13 février avec la « démission collective » de la direction de l’académie des César, en début de soirée. Critiquée par les multiples nominations du cinéaste controversé Roman Polanski et fragilisée par une tribune signée par 400 professionnels et personnalités du cinéma, la direction veut un « renouvellement complet ».
À 15 jours de la 45e cérémonie des César, les Oscars du cinéma français, la décision prise jeudi 13 février fait grand bruit. En début de soirée, l’information est tombée : après plusieurs jours de polémiques, la direction de l’académie des César a annoncé sa « démission collective ».
L'académie annonce un « renouvellement complet »
« Pour honorer celles et ceux qui ont fait le cinéma en 2019, pour retrouver la sérénité et faire que la fête du cinéma reste une fête, le conseil d'administration de l'Association pour la Promotion du Cinéma (Académie des Arts et Technique du Cinéma) a pris la décision à l'unanimité de démissionner », a annoncé dans un communiqué Alain Terzian, président de l’académie depuis 2003. Le producteur souhaite que cette démission permette « de procéder au renouvellement complet de la direction ».
Après la cérémonie du 28 février, une assemblée générale doit se tenir pour aboutir à l’élection d’une nouvelle direction. L’académie précise que, « sous l’égide du CNC (Centre national du cinéma) », celle-ci devra préparer « les modifications des statuts fondateurs de l’Association pour la Promotion du Cinéma » et « mettre en œuvre les mesures de modernisation annoncées ». L’Académie des César semble avoir entendu les vifs reproches formulés en début de semaine.
La tribune des 400 a secoué l'institution
Lundi 10 février, dans les colonnes du quotidien Le Monde, quelque 400 personnalités du cinéma, parmi lesquelles Jacques Audiard, Marina Foïs, Omar Sy, Leïla Bekhti, Yvan Attal ou encore Bertrand Tavernier, publiaient une tribune pour dénoncer les « dysfonctionnements » de l’Académie, l’« opacité des comptes » et réclamer une plus généralement une « réforme en profondeur ».
4 700 professionnels du monde du cinéma composent la liste des membres de l’Académie. Une liste qui demeure toutefois confidentielle. Pour l’intégrer, un postulant doit avoir au moins deux parrainages et avoir participé à au moins trois long-métrages en cinq ans. « Pourquoi l’académie est-elle régie par un club de personnes cooptées ou désignées au compte-gouttes ? », s’interrogent notamment les signataires de la tribune, eux-mêmes membres mais pourtant limités car « sans voix au chapitre » selon leurs mots. Sur Twitter, le ministre de la Culture, Franck Riester, a lui appellé à ce que la future direction puisse « représenter le cinéma français dans toutes ses esthétiques et sa diversité ».
Franck Riester✔@franckriester
L’Académie des #César est une institution de droit privé qui n’est pas financée par des fonds publics et qui bénéficie d’une indépendance qui doit être préservée. 1/4
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21:59 - 13 févr. 2020 · Paris, France
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Polanski suscite toujours la controverse
Une autre polémique a entaché la préparation de la cérémonie qui récompensera les films français sortis en 2019. J’accuse, le film réalisé par Roman Polanski, a été nommé à 12 reprises le 9 février (soit autant que Les Misérables de Ladj Ly). La sortie de l’œuvre avait déjà agité les débats en novembre, en raison des multiples accusations de viols et de violences sexuelles dont fait l’objet le cinéaste.
Plusieurs associations féministes et des personnalités ont exprimé leur profond mécontentement à propos du traitement accordé à Roman Polanski, toujours considéré comme fugitif par la justice américaine pour avoir quitté les États-Unis en 1978 alors qu’il était poursuivi dans une affaire d’abus sexuels sur une mineure. Depuis, d'autres femmes ont accusé le réalisateur de viols. Le récent témoignage d’une nouvelle victime présumée, la photographe Valentine Monnier, a ravivé la polémique. Des associations ont appelé à un rassemblement contre Roman Polanski le soir de la cérémonie, devant la salle Pleyel à Paris.
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