RFI- Gaza: l’Égypte tente d’apaiser les tensions entre le Hamas et Israël
Des Palestiniens en colère manifestent dans les rues de Gaza, le 28 janvier 2020, contre le plan de paix américain. Mohammed Salem/Reuters
Texte par : RFI
Une quinzaine de roquettes et d’obus de mortier tirés, des lancers de ballons dotés d’explosifs quasi quotidiennement : depuis la publication du projet de Donald Trump pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, la tension est remontée entre Israël et le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. En campagne électorale, le Premier ministre israélien et le ministre de la Défense menacent de fortes représailles. Des mesures punitives ont déjà été prises. Le risque d’une escalade existe, mais l’Égypte tente de maintenir le calme.
Reportage à Gaza de Hassan JaberetGuilhem Delteil
Oussama Jaber, propriétaire d’une entreprise qui importe des matériaux en aluminium, a besoin de voyager dans le cadre de son activité. Mais son permis de quitter l’enclave palestinienne lui a été retiré par Israël.
« Personne ne m’a donné de raison. Même le ministère palestinien des Affaires civiles. Et je suis étonné. Cela faisait juste une semaine qu’ils venaient de m’accorder le permis et ils l’ont annulé », confie-t-il. Selon le quotidien israélien Haaretz, 500 commerçants gazaouis sont dans la situation d’Oussama Jaber.
Pour Ghazi Hamad, ministre des Affaires sociales de Gaza et l’un des cadres du Hamas, les restrictions israéliennes sont nombreuses… et contraires à l’accord de cessez-le-feu. « Le Hamas considère que la partie israélienne ne respecte pas l’accord. De temps en temps, ils mettent en place des restrictions. Par exemple, ils ferment le point de passage commercial de Kerem Abu Salem, parfois ils diminuent la zone de pêche. Cela dépend de leurs humeurs », affirme Ghazi Hamad.
Le Hamas rejette la responsabilité des tensions sur Israël. Mais le mouvement est aussi sous la pression de l’Égypte pour éviter une escalade, relève Omar Chaabane, directeur du groupe de réflexion PalThink. Lundi 10 février, une délégation du renseignement égyptien est arrivée à Gaza. « Le but de la visite est très clair. Le message était que les tirs de roquettes doivent cesser », affirme Omar Chaabane.
Il faudra plusieurs jours pour mesurer les effets de cette visite, mais dans la nuit de mardi à mercredi, une roquette a encore été tirée de la bande de Gaza.
Israël et le Hamas ont besoin de l'Égypte
L'Égypte n'a pas apprécié la visite du chef du Hamas en Iran début janvier et les relations entre les deux parties se sont détériorées. Mais pour le politologue Omar Chaabane, l'Égypte ne peut se détourner totalement de Gaza.
« Les Égyptiens ne veulent pas d’une escalade. La relation n’est pas aussi bonne qu’elle le fut par le passé, mais elle ne cessera jamais. Parce que chaque partie a besoin de l’autre. Et Israël a besoin que quelqu’un fasse l’intermédiaire avec le Hamas. Donc, Israël ne serait pas content non plus si les Égyptiens décidaient de ne plus parler avec le Hamas », explique Omar Chaabane.
Le rôle de l'Égypte est fondamental, reconnaît Ghazi Hamad, l'un des dirigeants du Hamas. Mais la visite d'une délégation du renseignement égyptien lundi n'a pas été très concluante, juge-t-il. « Les Égyptiens de temps en temps soit viennent à Gaza soit téléphonent. Ils essayent de parler aux deux parties - les Israéliens, les Palestiniens - afin d’essayer de faire respecter l’accord et de lui donner une forme de garantie. Mais jusqu’à présent, la situation n’est pas très stable », affirme-t-il.
Le Hamas demande à Israël le respect des mesures d'allègement du blocus tandis que le gouvernement israélien exige, lui, un calme total. Et en période de campagne électorale en Israël, les garanties que la délégation égyptienne a pu apporter sont limitées.