Les poursuites les concernant sont purement et simplement annulées. Deux d'entre eux, l'homme d'affaires Mohamed Bouamatou et l'ancien conseiller du président Compaoré, Moustapha Limam Chafi, voient également leur mandat d'arrêt annulé. Par ce geste d'apaisement, le président Ghazouani répond à une demande de l'opposition et se démarque aussi un peu plus de son prédécesseur.
Le premier concerné est Moustapha Limam Chafi, intermédiaire dans plusieurs affaires de libération d'otages. Cet homme de l'ombre et de réseau, au service pendant des années de la présidence burkinabè, a été empêché en 2011 de séjourner en Mauritanie suite à l'émission d'un mandat d'arrêt.
Le second n'est autre que le cousin direct de l'ancien chef de l'État, Mohamed Bouamatou, un richissime banquier.
Les deux hommes se sont brouillés suite à un différend financier. L'étau s'est ensuite resserré autour de l'homme d'affaires et de ses proches. Il est également accusé d'avoir voulu corrompre des sénateurs.
Moustapha Limam Chafi et Mohamed Bouamatou sont donc deux hommes très influents pour des raisons différentes, qui n'appartiennent à aucun parti politique et qui sont devenus au fil des années les bêtes noires de l'ancien pouvoir.
Camouflet pour l'ancien président
Les rétablir dans leur droit est un signal fort envoyé par le nouveau chef de l'État, d'abord en direction l'opposition qui réclamait le règlement de ces dossiers pour détendre le climat politique. Mais aussi en direction de Mohamed Ould Abdel Aziz. Cette annonce est une vraie gifle, auraient confié certains de ses proches. De fait, ce geste creuse un peu plus le fossé qui sépare l'actuel président de son prédécesseur depuis l'automne dernier.
Sans surprise, la décision de la justice mauritanienne est saluée aujourd'hui par William Bourdon, l'avocat de Mohamed Bouamatou.
« Ce n’est pas tout à fait une surprise, puisqu’il y avait des signes d’apaisement, mais c’est une annonce qui va dans la bonne direction, déclare-t-il. Ces procédures n’ont été possibles qu’en raison d’une instrumentalisation éhontée, systématique pendant des années, de la justice mauritanienne par Aziz, l’ancien président. Et, bien sûr, cela restaure l’honneur de Mohamed Bouamatou ».
« Ces années de persécution étaient insupportables, poursuit l'avocat. Elles l’ont conduit à l’exil, l’ont empêché d’être aux côtés de sa mère quand elle agonisait et d’assister aux funérailles. Ce bannissement a été d’une grande cruauté pour lui et sa famille. Donc, ce n’est que justice et il faut remercier le nouveau président Ghazouani d’avoir laissé la justice agir. Et c’est ce respect pour une justice indépendante, qui permet aujourd’hui d’envisager un classement définitif de ces procédures totalement fabriquées ».