À peine arrivé au Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron bousculé par des agriculteurs inquiets
Le président de la République est en visite au Salon de l’Agriculture ce samedi, avec l’intention de rassurer les professionnels du secteur, inquiets face aux tergiversations de l’instance européenne, à l'agri-bashing et aux limitations d'usage des pesticides.
Emmanuel Macron face à des agriculteurs brandissant des pancartes à l'entrée du Salon de l'agriculture, le 22 février 2020. | LUDOVIC MARIN / REUTERS
Ouest-Franceavec AFP
Au milieu des vaches, parisiennes d’une semaine, Emmanuel Macron inaugure à Paris le 57e Salon international de l’Agriculture (SIA), bousculé par des controverses environnementales, et l’échec vendredi soir de négociations européennes cruciales pour les agriculteurs.
À peine arrivé au Salon vers 8h15, le président de la République a été interpellé par des représentants de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, et des Jeunes Agriculteurs, qui lui ont dit attendre « des messages forts ». « Nous attendons de vivre du prix de nos produits. On ne cesse d'être stigmatisés », lui a lancé un agriculteur, un autre évoquant « la colère du monde agricole ».
Il a été interpellé lors de sa déambulation sur pratiquement tous les sujets brûlants du moment, notamment pour le monde agricole: retraites, Politique agricole commune (Pac), pesticides, Gilets jaunes, accords commerciaux internationaux, « agribashing »...
Peu après, lors de sa déambulation, le chef de l'État a déclaré: « Rien ne doit justifier des actions contre nos paysans, rien. Et je serai intraitable sur le sujet ».
« Transformation historique »
Quelques instants plus tard, Eric Drouet, figure historique des « gilets jaunes », vêtu de noir, a été expulsé par des policiers du Salon, sans avoir réussi à approcher le président.
Lors d'un atelier de pétrissage du pain, M. Macron a échangé avec des enfants. « Le pain, c'est la vie », a-t-il aussi lancé sur un stand de céréaliers.
Au programme ensuite, un déjeuner avec des représentants des professions agricoles, dont l'équilibre repose largement sur les neuf milliards d'aides européennes que touche la France.
Sujet d'actualité brûlant pour les agriculteurs, le président a été interpellé sur les zones de non-traitement (ZNT) aux pesticides près des habitations, effectives depuis le 1er janvier et contestées par nombre d'agriculteurs qui craignent une perte de revenus.
« Il nous faut une agriculture forte parce que les Français veulent savoir ce qu'ils mangent. On est dans une transformation historique », a déclaré Emmanuel Macron. « Il y a de l'impatience d'une partie de la société française (...). Mon rôle est de réconcilier tout ça ».
Interpellé aussi sur les retraites des agriculteurs, il a jugé « impossible » de revaloriser les pensions actuelles à 85% du Smic, une mesure prévue dans le futur système mais qui coûterait trop cher à appliquer aux agriculteurs déjà à la retraite: ce serait 1,1 milliard d'euros, a-t-il déclaré - si l'on inclut les pensions des retraités actuels et de leurs conjoints.
Un agriculteur l'a remercié de n'avoir « rien lâché hier soir »: Emmanuel Macron est revenu vendredi de Bruxelles, où se négociait le budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027, sans accord sur le maintien de l'enveloppe de la Politique agricole commune (PAC) dont il a fait sa priorité. Car les 27 pays de l'Union n'ont pas pu s'entendre. « Nous n'avons pas sacrifié la Politique agricole commune et je l'ai dit très clairement: ce n'est pas la PAC qui peut payer pour le Brexit », avait déclaré M. Macron à son départ du sommet.
Interrogée sur France Info samedi, Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, a estimé qu'« il vaut mieux qu'il n'y ait pas d'accord pour l'instant (...) qu'un accord dans lequel on a cédé sur le budget de la PAC ».
Bredouille de Bruxelles
De retour de Bruxelles où se négociait le budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027, le président de la République revient sans accord sur le maintien de l’enveloppe de la Politique agricole commune (PAC) dont il a fait sa priorité, mais sur lequel les 27 pays de l’union n’ont pas pu s’entendre.
« Nous n’avons pas sacrifié la Politique agricole commune et je l’ai dit très clairement : ce n’est pas la PAC qui peut payer pour le Brexit », a déclaré M. Macron à son départ du sommet vendredi soir.
Après les 14 h passées l’an dernier dans les allées du salon, l’Élysée a déjà prévenu que le président ne « se place pas dans la perspective d’un record à battre ». Mais il compte aller « à la rencontre de ceux qui ont des inquiétudes les plus marquées », souvent liées au contexte international.
Après un passage obligé devant l’égérie du salon, la vache charolaise Idéale arrivée vendredi à Paris de ses prairies de Cours-la-Ville (Rhône), M. Macron rencontrera des éleveurs, une profession très fragile économiquement.
Privés de débouchés rémunérateurs et dépendant d’un acteur tout-puissant, le groupe d’abattoirs Bigard, les éleveurs bovins tentent actuellement de développer leurs exportations, aidés par l’Élysée qui les a soutenus lors du dernier voyage d’Emmanuel Macron en Chine.
Le président se rendra aussi à la rencontre des viticulteurs, touchés par des sanctions douanières punitives américaines et qui réclament un fonds de compensation de 300 millions d’euros pour couvrir le manque à gagner sur leurs exportations aux États-Unis, leur premier client, ou encore les pêcheurs que le Brexit risque de priver d’une large part de leur gagne-pain.
Il déjeunera avec les principaux représentants des professions agricoles, dont l’équilibre repose en grande partie sur les neuf milliards d’aides européennes que touche la France.
À cette occasion, il pourra également faire un point sur la mise en œuvre de la loi Alimentation et sur l’évolution de l’attitude de la grande distribution face aux producteurs.
« Pas toujours très lisible »
Sujet d’actualité brûlant pour les agriculteurs, le président sera probablement interpellé sur les zones de non-traitement (ZNT) aux pesticides près des habitations, mises en place par le gouvernement depuis le 1er janvier et contestées par nombre d’agriculteurs qui craignent une perte de revenus.
M. Macron a également prévu de passer sur le stand de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), issu de la récente fusion entre l’Institut de recherches agronomiques (Inra) et de l’institut Irstea.
Signe que la transition agroécologique est en cours face au réchauffement climatique, 24 organismes de recherche européens devraient cosigner dimanche au salon un engagement sur la transition agroécologique et les alternatives aux pesticides chimiques.
Cet engagement est d’autant plus important que les agriculteurs français se plaignent souvent des « distorsions de concurrence » qu’ils subissent sur leurs produits, souvent plus vertueux écologiquement que ceux des pays européens voisins mais aux coûts de production plus élevés, car la France a eu tendance à renforcer les exigences réglementaires des pesticides.
« Pour nous, les principales inquiétudes portent sur trois acronymes EGA (États-généraux de l’alimentation), ZNT (zones de non-traitement) et PAC (politique agricole commune) », résume pour l’AFP Quentin Le Guillous, l’un des responsables franciliens du syndicat Jeunes Agriculteurs, proche de la FNSEA.
« Ce qui est important, c’est la qualité du dialogue qui va se nouer avec le président », a estimé la présidente de la FNSEA Christiane Lambert sur Radio Classique. « Il y a des hésitations quant à ce qu’il veut de la politique agricole commune. On n’est pas toujours très rassuré. Ce n’est pas toujours lisible. Donc ce sera un dialogue direct avec les principaux dirigeants de l’agriculture ».
Une vaste consultation publique sur l’utilisation des fonds de la PAC va être lancée de mars à fin juin par la Commission nationale du débat public à la demande de Bruxelles. La première séance, qui devrait avoir lieu lors du Salon, pourrait permettre de commencer à percer l’abcès.
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