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Bureau de vote à Téhéran: la fermeture des bureaux de vote a été retardée pour permettre à un maximum d'électeurs de voter, la participation étant l'un des enjeux de ce scrutin, le 21 février 2020. Nazanin Tabatabaee/WANA (West Asia News Agency) via REUTERSTexte p
ILe dépouillement des bulletins de vote a commencé en Iran. La population était appelée hier, vendredi 21 février, à élire les députés du Majlis. Le taux de participation s'annonce en dessous de 50%. Une partie des Iraniens rejettent un système oppressant et critiquent également l'invalidation d'une partie des candidatures réformistes.
Les bureaux de vote sont restés ouvert jusqu'à minuit, soit cinq heures de plus que prévu donc, pour donner plus de chance aux indécis de venir voter, rapporte notre envoyée spéciale, Oriane Verdier. C'est le cas notamment à Téhéran où l'abstention a été particulièrement forte. Mais une grande partie des abstentionnistes avaient décidé bien auparavant de ne pas se rendre aux bureaux de vote. Selon eux, c'est le seul moyen de résistance dans un pays où s'opposer frontalement aux autorités peut être dangereux.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé que le taux de participation sera annoncé dans la journée.
Sans surprise, les conservateurs donnés en tête
Pour de nombreux Iraniens, voter réformateur ou conservateur ne semblait de toute façon pas changer grand chose puisque de leur point de vue les deux principaux courant de la politique iranienne soutiennent un même système.
Je suis passé par un bureau de vote mais je n'y suis pas entré. C'était dans l'enceinte du métro donc j'étais obligé de passer devant. Mais je n'ai pas hésité : que l'on vote ou pas, ça ne changera rien à mon avis... Les deux partis soutiennent le gouvernement et le système, et ils font ce qui leur est dicté
Ces musiciens rencontrés dans un parc de la capitale votent eux «abstention»: écoutez ce reportage de notre envoyée spéciale
Ce sont cependant bien les conservateurs qui s'annoncent en nette majorité dans la nouvelle composition du Parlement. Selon les résultats définitifs d'un tiers des 290 sièges du Parlement, les conservateurs mènent largement en tête alors que les réformateurs ont été laminés. À Téhéran, les résultats partiels annoncés par le ministère de l'Intérieur donnent une victoire totale à la liste des conservateurs qui pourraient remporter les 30 sièges de la capitale. Il y a quatre ans, les réformateurs avaient raflé ces 30 sièges. Dans ces conditions, l'ancien maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, devrait devenir le prochain président du parlement.
Les conservateurs en passe de prendre le contrôle du Parlement
Ces résultats étaient attendus notamment après l'invalidation de nombreux candidats réformateurs par le Conseil des gardiens de la Constitution, l'organisme en charge de la supervision des élections, en amont du scrutin. Dans certaines circonscriptions les candidats conservateurs n'étaient opposés à aucun réformateur.
Si les conservateurs prennent le contrôle du Parlement, ils pourront faire pression sur le gouvernement du président Hassan Rohani, qui a basé depuis six ans sa politique sur le rapprochement avec l'Occident et l'accord nucléaire, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Les conservateurs ont dénoncé ces dernières années cette politique et affirment qu'il fallait donner la priorité à la production nationale. La sortie des États-Unis de l'accord nucléaire en 2018 et le retour des sanctions américaines qui frappent durement l'économie du pays, ont renforcé les conservateurs qui ont toujours affirmé qu'il ne fallait pas faire confiance aux Occidentaux.
La tâche du gouvernement Rohani sera d'autant plus difficile que les autres organes du pouvoir, notamment le Conseil des Gardiens de la Constitution, l'autorité judiciaire ou encore l'Assemblée des experts, chargé de nommer le successeur du guide suprême qui est âgé aujourd'hui de 80 ans sont déjà dominé par les conservateurs.