Des employés désinfectent une zone où des personnes ont été diagnostiquées positives au coronavirus, à Daegu en Corée du sud le 20 février 2020. AFP/Yonhap
Texte par :Romain Philips
En quelques jours, le nombre de personnes contaminées par le coronavirus a augmenté dans de nombreux pays. L'Italie, pays le plus touché d'Europe et le troisième après la Chine et la Corée du Sud, est passée de six cas confirmés de contamination vendredi 21 février à 219 quatre jours plus tard. Et le pays compte maintenant six décès. La propagation fait craindre à l'OMS une « éventuelle pandémie ».« Nous devons nous concentrer sur les mesures d’endiguement du Covid-19, tout en nous préparant à une potentielle pandémie », a déclaré lundi 24 février le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, après l’augmentation soudaine « très préoccupante » des contaminations dans de nombreux pays comme l’Italie, la Corée du sud ou l’Iran et ses voisins du GolfeDaily media briefing on #COVID19 with @DrTedros https://t.co/ChotCy0r1k
World Health Organization (WHO) (@WHO) February 24, 2020
Cependant, il a tenu à calmer la panique provoquée par l'aggravation de la situation. « Parler de pandémie maintenant ne correspond pas à la réalité et cela créerait de la peur. Ce n'est pas le moment de se concentrer sur les mots. Ça n'empêchera pas une seule personne d'être contaminée ou de mourir du virus ».
La Corée, deuxième pays le plus touché
Soixante-dix nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés en Corée du Sud lundi 24 février portant le total à 833 et faisant du pays le deuxième le plus touché après la Chine. Pour répondre à l’augmentation des contaminations, « l’alerte maximale » a été décrétée par le président Moon Jae-in. Un niveau qui permet aux autorités d'ordonner la fermeture temporaire des écoles et d’annuler les vols en provenance et à destination du pays.
Plusieurs pays ont décidé de se protéger du virus qui s’étend en Corée du Sud. À partir de mardi 25 février, Hong Kong interdira les entrées dans la cité autonome aux non-résidents venant de Corée du Sud. La Mongolie a, elle, suspendu toutes liaisons aériennes avec le pays.
L’Europe en alerte
En Italie, sept personnes sont décédées et le nombre de personnes contaminées a explosé. Il est ainsi passé de 6 à 229 en seulement quatre jours, faisant de ce pays le plus touché d’Europe et le troisième dans le monde. Un bilan qui a poussé les autorités à mettre en place des mesures drastiques. 11 villes du nord de l’Italie ont été mises sous confinement et les lieux publics ont été fermés à l’exception de certains magasins et des pharmacies de garde.
Baptiste Labrugnas tient Le Café Midi dans le centre de Milan. Il décrit un climat étrange, entre normalité et psychose.
Aux frontières de l’Italie, l’inquiétude grimpe. Plusieurs recommandations ont été émises par le gouvernement français pour les personnes qui reviennent de pays touchés par le virus. Parmi elles, la prise de température deux fois par jour, le port d’un masque chirurgical et le confinement chez soi. Dans les Alpes-Maritimes, département français frontalier avec l’Italie, les mesures sanitaires et les effectifs ont été renforcés.
Aucune frontière avec l’Italie n’a été fermée. « À l'heure actuelle, notre recommandation aux États membres n'inclut pas la réintroduction de contrôles aux frontières internes », a déclaré Adalbert Jahnz, un porte-parole de la Commission européenne.
Vers une contamination européenne ?
Une réunion entre les différents ministres de la Santé européens doit se tenir mardi 24 février, selon la Protection civile italienne qui espère « des lignes d'action communes ». Preuve de l'inquiétude européenne, un bus en provenance de Milan a été bloqué à Lyon lundi et un train a été également bloqué aux portes de l'Europe à cause de suspicion de coronavirus. Finalement, les tests se sont révélés négatifs dans les deux cas.
« Le risque d'apparition de foyers de contamination similaires à ceux apparus en l'Italie dans d'autres pays de l'UE, de l'Espace économique européen et au Royaume-Uni est actuellement considéré comme modéré à élevé », explique le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Une mission de l'ECDC et de l'OMS se rendra en Italie mardi 25 février, selon la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides.
Dr. Andrea #Ammon, director of #ECDC:
"As just announced by Commissioner @SKyriakidesEU
I have decided to send a team of #ECDC experts to Italy, to support @MinisteroSalute in their efforts to limit the local transmission of #COVID19." pic.twitter.com/AUsWL04jvg
ECDC (@ECDC_EU) February 24, 2020
Quatre nouveaux pays du Moyen-Orient touchés
Seulement quelques jours après le premier cas de coronavirus sur le territoire iranien, selon le ministère iranien de la Santé, douze personnes sont mortes et 64 cas de contamination ont été détectés en Iran. Face à la rapidité de la maladie et le fait que l’Iran est devenu le deuxième pays où on dénombre le plus de morts dus à l’épidémie, l’OMS a décidé de se rendre sur place dès le mardi 25 février.
Cependant, le bilan donné par Téhéran est contesté. Un député ultraconservateur de Qom, la ville dans laquelle les premiers cas ont été annoncés, cité par l'agence de presse iranienne Ilna, proche des réformateurs, le bilan serait de « 50 morts ». Une information « catégoriquement » niée par Téhéran. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement s’est engagé à « être transparent sur la publication des chiffres ».
►Réécouter notre invité. Coronavirus en Italie: « les symptômes sont variables et les tests ne sont pas suffisamment sensibles »
La contamination grandissante en Iran inquiète les pays voisins. Abritant de nombreux lieux saints chiites, le pays accueille énormément de citoyens de confession chiites venant d’autres pays. Ce lundi 24 février, trois cas ont été détectés au Koweït, un au Bahreïn, en Afghanistan et en Irak ainsi que deux à Oman. Tous venaient d’Iran, selon les différentes autorités des pays concernés.
Inquiets par la contagion en Iran, plusieurs pays ont pris des mesures. Au Koweït, les célébrations de la fête nationale ont été annulées. Bagdad a interdit tous voyages depuis ou vers l’Iran. De son côté, le Qatar a mis en place une quarantaine pour toutes les personnes venant de pays touchés comme la Corée du Sud ou l’Iran. La Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Afghanistan et l’Arménie ont également, totalement ou partiellement, fermé leurs frontières ou réduit les échanges avec l’Iran.
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