Le Premier ministre du Lesotho bientôt inculpé du meurtre de sa femme ?
Paris Match
Kahina Sekkai
Thomas Thabane, le Premier ministre du Lesotho.Richard Drew/AP/SIPA
Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, qui devrait être mis en examen pour le meurtre de sa première femme, ne s'est pas présenté devant la justice.
Bientôt une nouvelle inculpation ? Ce vendredi, le Premier ministre du s, nLesotho Thomas Thabane, 80 ans e se présentera pas à une convocation de la justice. Il devait être entendu dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de sa femme mais ne s'y rendra pas, évoquant des problèmes de santé qui l'ont conduit jeudi soir à réaliser des examens d'urgence en Afrique du Sud. Son porte-parole Thabo Thakalekoala a assuré que l'octogénaire reviendrait au Lesotho dès que les médecins l'autoriseront à quitter l'hôpital, mais il risque d'être mis en examen d'ici là.
Son actuelle épouse Maesaiah Thabane a elle-même été inculpée dans le même affaire, comme sept autres personnes. Elle aussi avait évité les convocations de la justice en se réfugiant en Afrique du Sud, avant de revenir au Lesotho au début du mois, trois semaines après la publication d'un mandat d'arrêt. Tous deux sont soupçonnés d'avoir commandité le meurtre de Lipolelo Thabane, première épouse du Premier ministre, assassinée en juin 2017, deux jours avant que Thomas Thabane ne prenne ses fonctions de Premier ministre. Dans le discours prononcé à l'occasion de son investiture, Thomas Thabane avait appelé à une minute de silence pour dénoncer ce crime «insensé», commis par des tireurs alors non identifiés devant chez elle, dans la banlieue de la capitale Maseru. Le couple avait assisté, ensemble, aux funérailles de Lipolelo Thabane.
Les tireurs ont appelé le couple le jour du meurtre
Maesaiah Thabane a été mise en examen début février.© Sumaya Hicham / Reuters
Les deux femmes s'étaient publiquement disputé le titre de Première dame. Lipolelo et Thomas Thabane étaient séparés depuis 2012 mais n'avaient pas officiellement divorcé. La justice avait donc reconnu la quinquagénaire comme seule récipiendaire légale des moyens de l'État en tant que Première dame. Dans la pratique, Maesaiah Thabane ne pouvait donc être reconnue conjointe du Premier ministre, et bénéficier des avantages qui accompagnent ce rôle, tant que Thomas Thabane n'avait pas divorcé de sa première épouse. Le Premier ministre avait épousé sa deuxième compagne, âgée de 42 ans, deux mois après le meurtre, lors d'une cérémonie publique.
Selon les éléments rassemblés par les enquêteurs, le téléphone d'un des tireurs a appelé celui de Maesaiah Thabane depuis le lieu du crime et Thomas Thabane aurait lui aussi été en contact avec un d'eux le jour du meurtre. Holomo Molibeli, l'ancien chef de la police qui soupçonne le Premier ministre d'être mêlé au meurtre de sa femme, avait expliqué le mois dernier qu'«il y a eu de nombreuses tentatives de faire cesser cette enquête» : «Je pense que ce que nous faisons est bien, tant que ma conscience est claire. Le peuple du Lesotho veut connaître la vérité et c'est notre mission est de parvenir à la vérité», avait-il poursuivi.
Mabatsoeneng Hlaethe, la fille du Premier ministre, a déclaré à Al Jazeera ne pas croire à la culpabilité de son père : «Ce n'est pas le genre d'homme à commanditer un meurtre, j'attends qu'on me le prouve. Mais j'ai un avis différent sur sa nouvelle femme.» Maesaiah Thabane, bien que mise en examen, a été remise en liberté en attendant le début de son procès, le mois prochain.