Le G5 Sahel confronté à des problèmes de financement de sa force
DW - A l'issue de son sommet à Nouakchott, le G5 Sahel a encore demandé à avoir un financement pérenne pour sa force. Il confirme sa difficulté à financer la lutte contre le terrorisme dans la région.
Le sommet des chefs d’Etats du G5 Sahel s’est clôturé mardi (25.02.20) à Nouakchott en Mauritanie. Dans son communiqué final, le G5 Sahel réitère sa volonté de sanctuariser son financement en le plaçant sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. La force militaire conjointe peine, en effet, à se financer.
Si la France soutient l’intégration du G5 Sahel au financement onusien, les Etats-Unis s’y opposent, affirmant que la lutte contre la corruption est encore trop faible au sein des pays membres (Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad).
Depuis deux ans, le G5 Sahel fait la même chose, il réclame d’assurer le financement de sa force conjointe - sans grand succès.
Le communiqué final de la conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel ne fait pas exception puisqu’il en appelle "aux partenaires pour concrétiser leurs annonces" faites lors du sommet de Bruxelles en février 2018.
A cette occasion, en effet, les donateurs avaient promis plus de 400 millions d’euros pour la force conjointe.
Faisant face à la difficulté de mobiliser des ressources, c’est vers les Nations Unies que s’est tourné, une nouvelle fois, le G5 Sahel pour placer sa force sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies consacré aux actions en cas de menaces contre la paix.
Mais selon l’enseignant-chercheur Moussa Zangaou, spécialiste des questions de sécurité dans le Sahel, le G5 Sahel doit apprendre à compter sur lui-même :
"Il ne faut pas compter sur l’extérieur pour une mobilisation conséquente des ressources. La question intéressante est pourquoi le G5 Sahel ne sacrifie pas certaines de ses priorités."
Moussa. Zangaou estime qu’il faudrait couper dans les budgets qui ne sont pas liés aux questions de défense.
Gilbert Zongo est directeur de cabinet du Secrétaire exécutif du G5 Sahel, Maman Sidikou, réplique qu’il n’existe pas d’autre solution que de redemander la pérennisation du budget alloué à cette institution :
"Les pays du G5 Sahel ne peuvent pas à eux seuls porter cette charge qui va au-delà des capacités en termes financier, humain et matériel. C’est dans cette dynamique que l’appel de mettre la force sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies est réitéré chaque année. Ce sera le cas jusqu’à ce qu’on puisse l’obtenir."
Des problèmes de gouvernance au sein du G5 Sahel
Gilbert Zongo ajoute que les démarches sont en cours et que les lignes bougent pour parvenir à une "reconnaissance sur le plan international et surtout avoir un financement pérenne pour assumer au mieux sa mission".
En revanche Moussa Zangaou souligne le manque de contrôle des fonds alloués au G5 Sahel :
"Le gros problème de nos Etats, c’est qu’il n’y a pas de contrôle. On dit qu’on met des ressources mais souvent c’est du bluff. Ou alors on dit qu’on n’a rien mis, mais souvent ce qu’on a mis est important.
C’est beaucoup si c’est bien géré parce que tout simplement, on ne contrôle pas ce qui doit être mis et ce qui doit être exécuté."
C’est ce manque de transparence sur la gestion des fonds qui explique aujourd’hui en grande partie l’opposition des Etats-Unis à un budget fixe pour le G5 Sahel.