Coronavirus: une «nouvelle étape est franchie» en France
Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a annoncé ce vendredi soir que le pays est entré dans le stade 2. (Ici, à Rome, le 25 février 2020). REUTERS/Remo Casilli
Texte par :RFISuivre
Dix-neuf nouveaux cas d'infection au nouveau coronavirus ont été confirmés vendredi en France, ce qui porte à 57 leur nombre total depuis fin janvier, a annoncé le ministre de la Santé. Le gouvernement a mis en place un plan de bataille pour lutter contre le virus. Un plan axé sur trois stades. Le pays est entré ce vendredi soir dans le stade 2.
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« Une nouvelle étape de l'épidémie est franchie et nous passons désormais au stade 2 », a déclaré le ministre de la Santé en visite à Crépy-en-Valois (Oise), où enseignait le premier Français décédé des suites de l'infection. « Le virus circule sur notre territoire et nous devons freiner sa diffusion. ».
« En situation épidémique, vous protéger c'est protéger aussi les autres et ce sont les petits gestes qui font une grande protection », a poursuivi Olivier Véran, qui « recommande désormais, et pour une période qui reste à déterminer, d'éviter la poignée de main ».
« Plusieurs " clusters " (cas groupés) sont identifiés » à travers le territoire, a-t-il rappelé. Le principal se trouve dans l'Oise : « Il y a ce soir 18 cas dans l'Oise », soit « 6 de plus » que jeudi.
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En outre, il y a « 6 cas à Annecy » (contre quatre recensés jeudi), « 6 cas qui concernent des voyageurs qui rentraient de voyage organisé en Égypte » (contre deux recensés jeudi) et « deux cas à Montpellier », selon le ministre. « Il reste douze cas en revanche isolés », a-t-il poursuivi.
Pour l'heure, le bilan de la maladie Covid-19 en France est de deux morts (un enseignant français de 60 ans dont le décès a été annoncé mercredi et un touriste chinois de 80 ans), douze guérisons et quarante-trois malades hospitalisés.
Un Conseil de Défense puis un Conseil des ministres exceptionnels sur le coronavirus seront organisés samedi.
Une plateforme téléphonique, accessible au 0800 130 000 (appel gratuit depuis un poste fixe en France, 7 jours sur 7) permet d’obtenir des informations sur le 2019-nCoV et des conseils non médicaux pour les personnes ayant voyagé dans une zone où circule le virus ou ayant côtoyé des personnes qui y ont circulé.
L'OMS (Organisation mondiale de la santé) a relevé vendredi à son degré maximum le niveau de la menace liée au nouveau coronavirus dans le monde, en le portant à « très élevé ».
Le stade 2, qu’est-ce que c’est ?
Le stade 1, c'était l’arrivée du virus dans le pays. Le virus n'était pas en circulation générale dans la population.
La France est désormais entrée dans le stade 2, c'est-à-dire que le virus se propage. En clair, le virus apparait en plusieurs points du territoire national avec des grappes de cas. Des décisions fortes s'imposent pour retarder la propagation.
Concrètement les fermetures de crèches ou d'établissements scolaires peuvent maintenant être envisagées à l'échelle territoriale, voire nationale.
Des restrictions de visites peuvent être imposées dans les maisons de retraite et les structures accueillant les mineurs peuvent être fermées.
Le plan envisage également un appel à limiter ses déplacements, la suspension de certains transports en commun et la restriction des grands rassemblements (spectacles, rencontres sportives, foires, salons...).
Le stade 3, enfin, correspond à l'épidémie proprement dite, lorsque le virus circule largement dans la population. Ce stade, qui dure de huit à douze semaines, débute avec l'augmentation rapide du nombre de cas. La priorité est d'« atténuer les effets de la vague » épidémique. En plus des mesures prévues aux deux premiers stades, il s'agit de mobiliser du « renfort en personnels de santé ».
Ruée sur les masques de protection
Rupture de stocks, masques indisponibles. Que ce soit en ligne ou en pharmacies, il est de plus en plus dur de se procurer un masque de protection. Le gouvernement français a annoncé faire une commande de plus de 200 millions de masques pour protéger les professionnels de santé. Mais le problème, c'est que les citoyens normaux veulent eux aussi se protéger, sans forcément pouvoir y arriver. Cela peut poser des problèmes comme l'explique Adeline Orly, pharmacienne.
La situation est tendue parce qu’on a du mal à en avoir […] On limite les masques FFP2 à 4 par personne et les gels hydro alcooliques à 2 par personne pour qu’on puisse en donner au plus de gens possible.
Adeline Orly, pharmacienne.
■ Des mesures pour les entreprises et les salariés
Le patronat et les syndicats pour une fois sont tous contents après une série de mesures présentées par le gouvernement ce vendredi pour accompagner les entreprises et les salariés face au coronavirus. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé la mise en ligne sur le site du ministère d'un « questions-réponses » sur les règles à suivre (sur https://travail-emploi.gouv.fr/).
Pour les entreprises, le coronavirus sera « considéré comme un cas de force majeure », a annoncé le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, à l'issue d'une réunion avec les partenaires sociaux au ministère du Travail.
Cela signifie notamment que « pour tous les marchés publics de l'État, si jamais il y a un retard de livraison de la part des PME ou des entreprises, nous n'appliquerons pas de pénalité », a précisé le ministre. Il a également annoncé des « possibilités de recours à l'activité partielle » et « l'étalement des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin ».
La ministre du Travail souligne notamment que l'employeur peut mettre en place le télétravail sans l'accord du salarié, contrairement à la pratique habituelle.
Elle a notamment confirmé que les parents d'enfants confinés pourront être « mis en arrêt maladie » sans jour de carence et avec une prise en charge au titre des indemnités journalières de Sécurité sociale.
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a, de son côté, appelé dans un communiqué « aux grands donneurs d'ordre privés pour qu'ils adoptent le même comportement et fassent preuve de bienveillance et de solidarité vis-à-vis de leurs fournisseurs et de leurs sous-traitants ».
Il faut surtout anticiper si jamais le risque arrive pour éviter qu’elles (les entreprises) ne chutent. Lorsque vos salariés ne peuvent plus venir au travail, et bien vous ne pouvez pas non plus produire.
François Asselin, président du CPME